L’intrigue :
Ma critique :
Rester sur sa faim. C’est toujours un peu le cas lorsqu’on finit un bon roman comme si les mille-cent cinquante pages de La Rose pourpre et le lysde Michel Faber n’étaient pas assez pour être rassasié ! On a toujours envie d’en reprendre comme la « petite part » en plus d’un gâteau, par pure gourmandise. Pourtant, le lecteur n’est pas roi, ce n’est pas un sale gosse à qui on répondrait à tous ses caprices, même les plus désintéressés comme l’est la lecture.
Certes, la fin de La Rose pourpre et le lys est abrupte mais elle est aussi ouverte et c’est souvent la marque des romans les mieux construits. C’est paradoxal ? Pas du tout ! J’aime l’inachèvement quand j’écris ou quand je lis parce que, d’une certaine manière, telle est aussi la vie et la littérature n’est pas toujours là pour embellir ce qui est, pour l’achever comme s’il y avait toujours un début et une fin. Le lecteur est laissé en plan et les personnages auxquels il s’est tant attaché pendant tant de pages s’en vont sans qu’il sache le fin mot de l’histoire mais c’est beau comme ça. C’est une façon d’apprendre la liberté et de l’offrir même à des « êtres de papier ».
Ainsi, Les Contes de la Rose pourpre n’ont rien d’une suite mais seulement plusieurs fenêtres ouvertes sur l’univers qu’a construit ou reconstruit Michel Faber à partir de l’époque victorienne. Si vous n’avez pas lu La Rose Pourpre et le Lys mais que vous avez tout de même envie d’entrer par la mauvaise porte, la porte de derrière, dans cet univers néo-victorien où les bas-fonds et la bourgeoisie de Londres se côtoient sans gène, je vous conseille de ne pas lire l’avant-propos de l’auteur qui justement raconte la fin, dasn ses détails. Sauf si ça ne vous dérange pas et que vous faites partie des lecteurs qu’il cite au début, ceux qui « accordent si peu de prix au suspense, ou craignent tant les mauvaises surprises, qu’ils vont droit à la dernière page du livre voir comment cela se termine ». Toutefois, ce n’est pas moi qui vous raconterait la fin ! A vous de choisir par quel bout vous voulez prendre cette histoire.
Ça peut paraître risqué de présenter ce petit recueil de sept nouvelles pas forcément à des personnes qui ont lu le roman qui lui est lié mais je me suis dit que c’était une bonne manière, un peu originale, de l’aborder sans forcément entrer dans les détails de l’intrigue. A vrai dire, seules trois nouvelles se situent après l’action de La Rose pourpre et le lys mais, objectivement, quand il y a retour en arrière, c’est fait de façon très vague. Aucun complexe donc à avoir si vous ne l’avez pas lu mais que vous voulez un peu testé le style de l’auteur et ses personnages avant d’attaquer les deux tomes de La Rose pourpre et le lys, Aucun dépaysement donc si ce n’est d’entrer la tête la première dans un monde qui n’est plus le nôtre mais qui, étrangement, le rappelle. Moi-même, qui ai lu l’œuvre il y a bien quatre ans, j’ai eu à peine l’impression d’être perdue alors j’imagine que ma situation ne sera pas si différente de celle des lecteurs qui n’ont pas lu l’œuvre. On trouve ou retrouve certains personnages avant et après l’intrigue principale et ce que j’ai aimé, c’est l’histoire de chaque nouvelle vaut pour elle-même, indépendamment de l’intrigue générale. Il ne s’agit ni de suites ou de révélations exclusives et donc pas d’un post-scriptum à l’œuvre comme pour lui dire adieu mais plutôt des histoires indépendantes qui parlent pour elles-mêmes et qui sont en même temps représentatives moins de l’intrigue particulière que de l’époque victorienne. D’une certaine manière, les Contes ne développe pas la fin mais plutôt le cadre général ce qui en fait forcément un livre à part, en marge de La Rose Pourpre.
On y retrouve le monde de la prostitution bien sûr, sans complexe et à la fois avec la dose de cynisme et de distance déjà aperçues dans La Rose pourpre avec autant d’humour noir. Les questions matrimoniales propres à cette époque ne sont pas absentes où rester « vieille fille », situation « perverse »selon le modèle victorien (c’est du moins le mot qu’emprunte à cette époque Faber avec beaucoup d’ironie) ne pose pas trop de problèmes à certaines. Les traumatismes de guerre font l’objet aussi de scènes et de situations plutôt étranges, voire dérangeantes, mais paradoxalement comiques. Michel Faber a toujours autant de talent pour nous plonger dans cet univers, ouvertement glauque et, pourtant, il arrive à rendre ça « attrayant ». C’est toujours un plaisir car il arrive à capter des situations qui font réfléchir autant que rire; Un rire jaune ou franc.
« Fermez les yeux. Perdez le sens du temps pendant un moment – juste assez pour vous laisser rattraper par cent trente ans. »« Il est presque temps d’ouvrir les yeux : le vingt et unième siècle vous attend et vous êtes resté trop longtemps parmi des prostituées et d’étranges enfants. Retirez vous maintenant. Sugar est fatiguée même si nous sommes en pleine journée. Ce soir son travail reprendra (…). »
« Quel âge a le petit Christopher ? Sugar ne sait pas. Bien trop jeune pour être bonne à tout faire dans un bordel, mais c’est le travail que lui a donné Amy [sa mère, elle aussi prostituée] et il semble reconnaissant de pouvoir se rendre utile. Peut-être que s’il lave et sèche un million de draps, il rachètera enfin son péché originel : la naissance. »
« Mon père m’a fait à moitié. Exactement à moitié, disait ma mère. (…) Chaque être humain était un mélange d’ingrédients, comme une soupe, me dit-elle. La mère fournissait la moitié et le père l’autre. Ils étaient tous mélangés et cuits et le résultat était l’enfant, moi en l’occurrence. »
« Je pense toujours aux Edouardiens comme à des enfants. Des enfants qui ont perdu leur mère, mais qui étaient trop jeunes pour comprendre qu’elle avait disparu, et continuaient donc à jouer comme par le passé, ne remarquant que peu à peu, du coin de l’oeil, les ombres tremblotant à l’extérieur de leur nursery. »
« Il n’y a rien de tel qu’une vessie pleine pour ruiner le sens de l’Histoire. Jésus-Christ pourrait descendre des cieux au bras d’Hélène de Troie que vous continueriez à chercher des toilettes. »
« Mais vous ne voulez pas entendre parler de ma vie. Vous voulez que je vous parle de la manifestation. J’y viens. Sans blague, je vous donne ma parole d’honneur que je ne mourrai pas avant de terminer l’histoire. Je comprends bien à quel point il est énervant d’arriver jusque là et de ne pas savoir ce qui se passe ensuite. Je ne vous ferais jamais ça ! »
« Revenez demain et je vous raconterai la suite. Tout ce que vous voulez savoir, je vous le promets. Demain. »
Sauf qu’heureusement, la fin, demain, n’arrive jamais.
Naaaaaaaaaaaaan, j'avais écris un super commentaire super long et ma connexion à buguer T_T monde cruel xD Bon, recommençons ^^Je disais donc que ton article était super comme d'habitude 😉 Tu nous donne toujours envie d'aller zieuter le roman chroniqué et d'ainsi sortir un peu de nos sentiers battus ! Puisque ce n'est pas une lecture que je serais allé choisir de moi même. Donc merci 🙂 Sinon pour répondre à ton commentaire, je te recommande vraiment Tess d'Uberville et je serai curieuse de connaitre ton avis 😉 Merci beaucoup pour le lien d'ailleurs, je devrais écouter la radio plus souvent 😀 C'est marrant que tu parles des "Forestiers" j'ai faillis l'acheter cette aprem, je le lirai de toute façon plus tard ^^Enfin pour répondre à ta question, je n'ai pas vu l'adaptation BBC mais du coup je vais aller chercher ça :p Bises !!
Tu donnes très envie de découvrir cet univers !!! Je note le roman et le recueil, qui ne peuvent que me plaire …
@Jamestine : Flûte pour ton commentaire perdu ! :(Je suis ravie de donner envie de sortir des sentiers battus ! Je n'applique trop encore cette règle à moi-même, malheureusement XD (mais lire des polars comme "Le Grand Sommeil" que j'ai chroniqué, c'est déjà un premier bas ^^)"Tess d'Uberville" est dans ma PAL d'ailleurs depuis un petit bout de temps. Je te donnerais mon avis dès que possible. :)Bises !
@ Céline : Le roman est fabuleux, très cru par moments mais pas vulgaire (selon moi ^^) comme on pourrait le penser (ce n'est pas du "Fifty Shades", quoi…) et le style d'écriture de Faber est vraiment agréable. Je l'ai lu en français mais ça doit être meilleur en anglais.Toutes les nouvelles du recueil ne se valent pas mais celles que j'ai cité et une à laquelle j'ai fait allusion sans la citer ("Clara et l'Homme aux rats", rien que le titre donne envie XD) sont vraiment bonnes. L'avant-propos est très drôle parce que Michel Faber cite de nombreuses lettres de "fans" qui lui ont écrit pour lui demander s'il y aurait une suite et d'autres choses et certaines réactions sont vraiment démesurées. XDRavie de t'avoir fait découvrir "La Rose pourpre" et ses "contes". Merci beaucoup d'être passée. 🙂