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« Sonnets portugais » d’Elizabeth Barrett Browning

30 Juin
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Elizabeth Barrett Browning (1806-1861)

 

« Le destin n’a pas épargné l’écrivain que fut Elizabeth Browning. Nul ne la lit, nul n’en parle, nul ne songe à lui rendre justice. »

(Virginia Woolf, article du Common Reader, 1931)

 

Je ne parle pas ici assez de poésie à mon goût, peut-être parce que ce n’est pas un genre actuellement très valorisé et pourtant, j’ai un grand amour pour la poésie. J’ai même publié  « Éclaircie de passage », l’un de mes poèmes sur ce blog l’an dernier, c’est quelque chose que je pratique très régulièrement mais je comprends la réticence de certains pour la poésie même si pour moi, ça a toujours été très naturel de lire et d’écrire des poèmes. 

John Keats (Ben Whishaw) dans Bright Star

Tout naturellement, en tant qu’anglophile, je ne pourrais pas me passer des poètes anglais pour vivre. Shakespeare, John Keats, William Blake, Lord Byron, Wordsworth, Coleridge, les sœurs Brontë ou Oscar Wilde sont d’éternelles sources d’inspirations et de plaisir pour moi. Vous l’aurez peut-être noté, rien que dans ma liste, les poétesses n’ont pas une grande place dans toute anthologie qui se respecte ce qui confirme ce qui disait Virginia Woolf dans Une chambre à soi sur la difficulté que représente l’accession au statut de poète pour une femme sans un minimum de conditions matérielles favorables.

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Emily Brontë

J’ai une tendresse toute particulière pour Emily Brontë et Emily Dickinson (dire qu’il faille traverser l’Atlantique pour trouver une poétesse digne de ce nom) qui, en plus de leur prénom, partage une même aura mystérieuse autour de leur vie et de leur oeuvre. Si vous l’avez l’occasion de vous procurer La dame blanche de Christian Bobin, vous aurez en main ce qui m’a donné envie de découvrir Emily Dickinson grâce à cette très belle biographie plus ou moins romancée.

 

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Robert Browning (1812-1889)

 

Toutefois, c’est d’une poétesse beaucoup moins connue que j’ai envie de vous présenter, qui a eu une vie (à mon sens) très romanesque et que j’ai découverte grâce à Virginia Woolf : Elizabeth Barrett Browning. Virginia Woolf a le chic de sortir de l’anonymat des auteurs inconnues (la soeur de Shakespeare, Christina Rossetti ou Sara Coleridge pour ne citer qu’elles) et de nous donner envie de les lire sur le champ ! Ça a été mon cas avec Elizabeth Barrett Browning, femme du poète Robert Browning et dont les vers de ses Sonnets portugais ont donné furieusement envie  à Rainer Maria Rilke de les traduire en allemand. Vous avez peut-être entendu parler de Flush de Virginia Woolf (l’une de mes prochaines lectures pour le challenge Virginia Woolf) et c’est par ce biais que j’ai été séduite par Elizabeth Browning sans même lire une seule ligne de cette biographie du point de vue du chien de la poétesse ce qui déjà aiguiserait la curiosité de n’importe quel lecteur.

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Elizabeth Barrett (Norma Shearer) dans The Barretts of Wimpole Street

Passage obligé quand on lit de la poésie anglaise, j’ai découvert les Sonnets portugais dans son édition bilingue de la NRF (la même que j’ai pour les poèmes d’Emily Brontë bien que j’ai fait l’acquisition récemment d’une version audio des poèmes de la famille Brontë, un régal, mes amis !) et, comme d’habitude, la traduction est pourrie (pardon pour la traductrice, Lauraine Jungelson) mais permet de sauver les meubles quand le sens d’une strophe nous échappe vraiment.  Par contre, l’appareil critique est comme toujours très instructif surtout pour une poétesse aussi peu populaire. La préface est remplie d’anecdotes, d’extraits de correspondances (quand on sait qu’Elizabeth et Robert ont échangé 574 lettres, rien que ça !) en retraçant l’histoire du couple et la postérité des Sonnets portugais.

D’ailleurs, qu’est-ce qui est à l’origine des Sonnets portugais ? Il faut avant tout comprendre qui était Elizabeth Barrett avant et après avoir écrit ces sonnets. Avant ça, atteinte d’une étrange maladie incurable ,  mélancolique depuis la mort de son frère préféré, recluse dans la maison familiale à Wimpole Street et destinée apparemment à rester vieille fille toute sa vie sous la pression d’un père autoritaire, elle va tout de même publier un recueil de poèmes qui la rend célèbre en Angleterre et outre-atlantique et ce recueil va arriver dans les mains de Richard Browning. Il va lui écrire ces mots :

« J’aime vos vers de tout mon coeur, chère Miss Barrett […]. Dans cet acte de m’adresser à vous, à vous-même, mon sentiment s’élève pleinement. Oui, c’est un fait que j’aime vos vers de tout mon coeur, et aussi, que je vous aime vous. »

Je n’ose imaginer ça en anglais ! Au début, comme toutes les rock-stars qui reçoivent des lettres d’amour, elle va gentillement le refouler et ne lui offrir que son amitié. Ils vont mettre du temps à se rencontrer en personne (à cause des réticences d’Elizabeth visiblement qu’il soit déçu de cette rencontre à cause de sa maladie). Après une première demande par écrit qu’elle refusera tout en reconnaissant que cet homme l’obsède sans y voir encore de l’amour, après de nouvelles rencontres en l’absence de son père (qui, forcément, ne voit pas l’arrivée Robert d’un bon œil dans la vie monacale de sa fille), accepte finalement sa proposition à la seule condition que sa santé s’améliore, ce qui retarde encore un peu plus leur union. Finalement, le mariage est précipité en septembre 1846 dans le plus grand secret et sans le consentement du père. Comme dans tous les romans qui se respectent après un tel événement, ils décident de s’enfuir en Italie, à Florence.

lettres-portugaisesC’est de cette rencontre décisive, autant amoureuse que humaine qu’Elizabeth Barret va écrire ses Sonnets portugais jusqu’à son mariage, à l’insu de Robert Browning et forcément de sa famille. Ces Sonnets from the Portuguese décrivent l’évolution de ses sentiments, comme un relevé presque journalier ce qui en fait une magnifique étude sur l’amour et la place de plus en plus envahissante de la passion dans la vie d’une femme amoureuse qui, enfin, vit pleinement les choses. Je ne crois pas que le titre de ce recueil soit une référence aux célèbres Lettres portugaises de Guilleragues, présentées faussement comme la traduction de lettres d’une religieuse portugaise à un officier français, longtemps attribuée à une vraie religieuse. La coïncidence est tout de même assez troublante car Elizabeth Barrett, vivant comme une femme recluse, dialogue dans ses Sonnets avec l’être aimé où elle suit le même parcours évolutif de doute, de confiance et d’amour sauf qu’il était rapportée dans les Lettres portugaises à la foi et non à l’amour charnel.

du-bellay-regretsSelon moi, un recueil de poésie se lit différemment par rapport à toute oeuvre littéraire. J’aime délibérément sauter des poèmes, lire certains plusieurs fois quand ils me touchent plus que les autres ce qui représente une lecture presque aléatoire. J’aime bien aussi piocher dans un recueil un poème au hasard, ce qui veut dire que je prends chaque poème pour lui-même et pas forcément dans sa relation avec tout le recueil. Parfois, c’est une lecture qui fonctionne, parfois non mais c’est sûr que ce n’est pas très académique et scolaire. De même, si on voit ces poèmes comme un parcours linéaire vers l’amour, ce n’est peut-être pas la lecture la plus judicieuse mais je n’en ai pas moins aimé les vers d’Elizabeth Browning et la sincérité de ses sentiments sans avoir besoin de retracer un parcours figé. Quand j’ai dû lire Les Regrets de Du Bellay en prépa pour le concours, je n’ai pas pu faire ça par exemple ce qui distingue surement une lecture imposée et une lecture pour le plaisir, pour l’amour de la poésie.

En voici, quelques uns :

 

XLIII – How do I love thee? Let me count the ways.

How do I love thee? Let me count the ways.

I love thee to the depth and breadth and height

My soul can reach, when feeling out of sight

For the ends of being and ideal Grace.

 

I love thee to the level of every day’s

Most quiet need, by sun and candlelight.

I love thee freely, as men strive for Right;

I love thee purely, as they turn from Praise.

 

I love thee with the passion put to use

In my old griefs, and with my childhood’s faith.

I love thee with a love I seemed to lose

 

With my lost saints. I love thee with the breath,

Smiles, tears, of all my life; and, if God choose,

I shall but love thee better after death.

 

 

VII – The face of all the world is changed, I think,

 

The face of all the world is changed, I think,

Since first I heard the footsteps of thy soul

Move still, oh, still, beside me, as they stole

Betwixt me and the dreadful outer brink

 

Of obvious death, where I, who thought to sink,

Was caught up into love, and taught the whole

Of life in a new rhythm. The cup of dole

God gave for baptism, I am fain to drink,

 

And praise its sweetness, Sweet, with thee anear.

The names of country, heaven, are changed away

For where thou art or shalt be, there or here;

 

And this… this lute and song… loved yesterday,

(The singing angels know) are only dear

Because thy name moves right in what they say.

 

Et, comme les Sonnets portugais sont suivis d’autres poèmes, voici mon préféré dans tout le recueil, intitulé « Inclusions ». Il a quelque chose à voir avec le mythe de l’androgyne dans le Banquet de Platon, maintenant populairement appelés « les âmes sœurs ». derrière, cette figure, l’amour est l’inclusion parfaite, l’emboîtement et l’harmonie entre deux personnes qui s’oublient elles-mêmes pour ne faire qu’un.

INCLUSIONS

1

O, WILT thou have my hand, Dear, to lie along in thine?

As a little stone in a running stream, it seems to lie and pine.

Now drop the poor pale hand, Dear,… unfit to plight with thine.

2

O, wilt thou have my cheek, Dear, drawn closer to thine own?

My cheek is white, my cheek is worn, by many a tear run down.

Now leave a little space, Dear,… lest it should wet thine own.

3

O, must thou have my soul, Dear, commingled with thy soul? —

Red grows the cheek, and warm the hand,… the part is in the whole!

Nor hands nor cheeks keep separate, when soul is join’d to soul.

 

Où se procurer les Sonnets portugais ?

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Sonnets portugais d’Elizabeth Barrett Browning

Poésie Gallimard – 178 pages

EUR 7, 60

 

 

 

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C’est ma 10e et dernière contribution au mois anglais organisé par Lou et Titine. Retrouvez mon bilan ci-dessous. 

 

 

Bilan du Mois anglais 2013

10 contributions : 2 romans, 1 essai, 1 pièce de théâtre, 1 recueil de nouvelles, 1 recueil de poésie, 1 billet thématique et 3 séries TV.

La Traversée des apparences de Virginia Woolf

Snobs de Julian Fellowes

Une chambre à soi de Virginia Woolf

Look Back in Anger de John Osborne (extrait)

Les Intrus de la Maison Haute de Thomas Hardy

Sonnets portugais d’Elizabeth Barrett Browning

Home Sweet Home : Quatre maisons d’écrivains anglais

Ripper Street (BBC, 2012)

Little Dorrit (BBC, 2008) d’après Charles Dickens

Any Human Heart (2010) d’après William Boyd

 

Merci aux organisatrices et aux autres participant(e)s qui l’ont rendu aussi vivant et particulièrement en lisant et commentant mes dix billets. J’ai eu autant de plaisir à vous lire et à être tentée par autant d’idées de lecture. Vive l’anglophilie, le mois anglais et à l’an prochain pour son come back !

Virginia Woolf Tea

Comme les autres participant(e)s, j’ai répondu à l’invitation d’un jeu photo en mettant en scène mon coup de coeur du mois anglais (« Une chambre à soi » de Virginia Woolf, forcément) avec une tasse, ici celle à l’effigie de la maison Serpentard !

« Any Human Heart » (2010) d’après William Boyd

29 Juin

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« Every human being is a collection of selves. We change all the time. We never stay one person as we go on our journey to the grave. »

« We keep a journal to entrap the collection of selves that forms us, the individual human being. »

Any Human Heart (2010), une série de Michael Samuels d’après le roman éponyme et le scénario de William Boyd.

Avec Jim Broadbent, Matthew MacFadyen, Sam Caflin, Hayley Atwell, Ed Stoppard, Kim Cattrall et Julian Ovenden.

 

 

Synopsis

« Never say you know the last word about any human heart ». Ce sont les mots d’Henry James, mais qu’en est-il du coeur de Logan Mountstuart à trois tournants de sa vie, motivé par sa vocation d’écrivain, sa recherche du bonheur et sa quête de lui-même ? La vie n’est-elle qu’une question de chance – bonne chance, mauvaise chance – comme son père ne cessait de lui rappeler ou réserve t-elle quelque chose de plus ? On le connait au travers de ses rencontres, heureuses ou malheureuses, dans les années 20, entre Oxford et Paris en compagnie d’un certain Ernest Hemingway qui retrouvera comme journaliste pendant la guerre civile espagnole ; pendant la guerre aux Bahamas comme espion en enquêtant sur le duc et la duchesse de Windsor ; dans les années 50, comme directeur d’une galerie d’art à New York et enfin, dans les années 80, fuyant la crise et l’ère Thatcher pour se ressourcer dans le sud de la France, confronté à la mémoire des maquis et de la Résistance. Logan ne cesse de tenir un journal, reliant et préservant artificiellement les multiples facettes de son identité plurielle et les images de ceux et celles qui ont fait ce qu’il est. 

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Conor Nealon (Logan enfant)

Dans l’idée de retracer le voyage de Logan Mountstuart dans la vie, la première image d’Any Human Heart est entre le rêve et la réalité, comme une vision obsédante, saturée de lumière, à la limite de l’onirisme, accompagnée de la voix d’un narrateur âgé, celle de Logan (Jim Broadbent) qui essaye d’en déchiffrer le sens. La scène montre un petit garçon dans une barque en Uruguay (Logan est d’origine uruguayen par sa mère, sa « best half » selon lui) et observe et est observé par trois personnages sur la berge. On comprendra qu’il s’agit des trois avatars de Logan aux tournants de sa vie : le jeune homme, l’adulte et le vieil homme. Je trouve ce début et ce qui s’ensuit vraiment prometteur : par son étrangeté et son originalité, ça attire forcément notre attention. Ce n’est pas tout-à-fait un souvenir de Logan mais plutôt une représentation mentale de sa propre vie et de son identité. Qui est-il ? Les trois personnages à la fois, ensemble ou chaque Logan a t-il son identité propre, distincte des autres ? Restons-nous les mêmes en vieillissant ?

any-human-heart-memoriesDans cette perspective, cela va de soi que le narrateur (très discret de la série sans l’envahir outre mesure) soit le Logan vieillissant et en vérité, c’est à partir de ce point de vue que toute l’histoire de Logan est retracée en suivant les souvenirs du vieil homme qui fait du tri dans ses papiers, dans ses photos et qui relit ses carnets. D’ailleurs, pour continuer dans la veine énigmatique du début d’Any Human Heart, lui et le spectateur est littéralement assailli par ses souvenirs, comme des flashs, des phrases qui l’ont marqué sans que l’on comprenne exactement leur signification et qui ces personnes représentent dans la vie de Logan. C’est assez astucieux comme manière de faire et ce n’est que rétrospectivement au long des quatre épisodes qu’on n’en comprend le sens et le moment.

Sam Claflin (Logan jeune)

Sam Claflin (Logan jeune)

Après cette entrée en matière énigmatique, la vie de jeune-homme de Logan ne pouvait pas être plus concrète. Au Jesus College d’Oxford, lors de sa dernière année, une seule question l’obsède : la perte de sa virginité. Avec deux amis (que l’on va retrouver tout au long de la série), il fait le pari de qui la pedrera en premier, récompense sonnante et trébuchante à la clé et c’est par cette compétition que va commencer la vie mouvementée de Logan.

C’est avec la très belle et sensuelle Tess (Holliday Grainger) que les ennuis commencent. Je ne vous en dis pas plus mais la perte de la virginité de Logan va avoir quelques conséquences, comme le début de son goût pour le mensonge. Petit clin d’œil, Holliday Grainger est apparue dans la saison 3 de Robin Hood (« A Dangerous Deal ») aux cotés de Richard Armitage en jouant le personnage de Meg dont la romance a marqué plus d’un esprit, mais pas le mien malheureusement. Toutefois, c’est une bonne actrice et elle est semble t-il plus remarquée depuis son rôle de Lucrèce Borgia dans la série The Borgias que j’ai encore à voir, ce qui est une bonne chose.

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Land (Charity Wakefield) & Logan (Sam Claflin)

On le comprend assez vite, la vie sentimentale et sexuelle de Logan va être centrale dans ce parcours qui retrace sa vie et elle est à la fois une source d’inspiration et un obstacle pour sa vocation littéraire. Sa rencontre avec Land Fothergill (Charity Wakefield) est déterminante par qu’elle le pousse à se dépasser, à avoir confiance en lui et à être anti-conventionnel. Intelligente, provocante et engagée, elle lui conseille d’écrire un livre non pas banalement pour se faire connaitre mais un livre qui fait réfléchir et qui change le monde à l’image de ceux de Virginia Woolf qu’elle qualifie de « genious » (on est bien d’accord). J’ai adoré ce personnage même si elle est peut-être trop exigeante avec Logan et, même si on ne l’a voit que dans le 1e épisode, la figure de Land va suivre le héros toute sa vie, comme s’il avait à lui prouver qu’il était capable de faire cette oeuvre révolutionnaire.

Encore une chose passionnante sur le jeune Logan, il sait se trouver des amis en la personne d’Ernest Hemingway (Julian Ovenden, bientôt dans la saison 4 de Downton Abbey) qu’il rencontre à Paris pour la première fois en 1926, date de la publication The Sun Also Rises. Il y a une scène fantastique dans un café parisien (on se croirait dans Midnight in Paris) où Logan lui confie ses ambitions, son envie d’écrire autre chose qu’une simple biographie de Shelley et où Hemingway déclame un poème :

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Logan (Matthew MacFadyen)

Passons au Logan devenu adulte, père de famille et ennuyé à mourir de sa nouvelle vie tranquille et rangée, à des années lumières de ses aspirations profondes de grand écrivain depuis le succès de son 1e roman The Girl Factory (sur une prostituée). Ce Logan est joué par le talentueux Matthew MacFadyen qui m’a fait oublié à jamais depuis Ripper Street et Little Dorrit son rôle de Darcy et que j’admire particulièrement en ce moment. Coté écriture, Logan va être bridé n’écrivant plus une seul ligne après son deuxième roman, The Cosmopolitans (sur les poètes d’avant-garde français rencontrés à Paris), très mal reçu par la critique.

Pour se ressaisir et trouver une source d’inspiration pour son prochain roman, Logan trouve grâce à son agent littéraire une mission en Espagne en tant que journaliste là où il va rencontrer au Consulat, après s’être fait voler son passeport dans une église (comme quoi…), Freya, une journaliste de la BBC. Vous vous imaginez bien que leur relation ne va pas être platonique ce qui n’est pas étonnant avec un personnage joué par Hayley Atwell qui est peut-être l’une des plus belles actrices que je connaisse. Petite coïncidence, Any Human Heart fourmille d’acteurs vu la même année dans Les Piliers de la Terre que je vous conseille vivement : Matthew MacFadyen (Philip), Hayley Atwell (Aliena), Sam Caflin (Richard) et Skye Bennett (Martha).

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Le personnage de Freya est l’un de mes préférés dans cette série et Hayley Atwell a un beau rôle non seulement grâce à son jeu mais aussi grâce à sa place dans l’intrigue et dans la vie de Logan. Je ne peux rester que très vague pour préserver le suspens mais clairement, ce n’est pas qu’une simple aventure et elle va rendre d’autant plus plus crédible aux yeux de Logan la maxime de son père selon laquelle la vie n’est qu’une question de chance : bonne chance, mauvaise chance, rien de plus.

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Logan (Matthew MacFadyen) en espion de la Naval Intelligence

Si je devais donner ma préférence parmi les quatre épisodes d’Any Human Heart, je dirais que les deux premiers sont largement les meilleurs (Oxford, Hemingway, la Seconde Guerre mondiale, Mathew MacFadyen en espion pour la Naval Intelligence de la Royal Navy recruté par un certain Ian Fleming).

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Le duc et a duchesse de Windsor (Tom Hollander & Gillian Anderson)

Sans oublier qu’il y rencontre le duc et la duchesse de Windsor, Edward VIII (celui qui abdique dans The King’s Speech) et Wallis Simpson, qui ne sont pas vraiment à leur avantage das cette série malgré la très bonne interprétation de Tom Hollander et Gillian Anderson dans les rôles respectifs.

 

 

 

 

 

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Logan (Jim Broadbent & Matthew MacFadyen)

Le troisième épisode est toujours centrée sur Logan mais dix ans après la Seconde guerre mondiale à New York comme directeur d’une galerie d’art mais il est légèrement moins passionnant que les deux autres. Il faut dire qu’il est précédé d’un épisode hautement dramatique ce qui est toujours difficile pour une série ou un film de repartir ensuite. Logan (toujours sous les traits de MacFadyen) commence à prendre de l’âge et il est clairement malheureux et traumatisé par la guerre (vous découvrirez vous-même pourquoi) ce qui l’incite à faire une psychothérapie avec un psy très difficile à cerner et qui gribouille des dessins dans son dossier au lieu de l’analyser.

Le 3e épisode est aussi un tournant car on rencontre un nouveau Logan qui n’est autre que le narrateur du 1e épisode (Jim Broadbent, le père de Bridget Jones et Slughorn dans Harry Potter) ce qui permet de boucler la boucle et de comprendre pourquoi Logan trie ses papiers et ses journaux intimes au début de la série. Le 4e épisode voit les dernières années de Logan et c’est un moment assez triste par son extrême solitude quand il revient à Londres et finalement s’installe dans le sud de la France, fuyant la crise économique, les grèves, la montée de l’anarchisme juste avant l’élection de Margaret Thatcher.

En définitive, Any Human Heart est parmi ce que j’ai vu de meilleur avec une très bel esthétique, une musique discrète mais un thème récurrent assez intéressant, un casting impeccable (Matthew MacFadyen à la fin du 2e épisode est juste incroyablement bluffant) et je pense que c’est une série qui fait beaucoup réfléchir.

Je l’ai brièvement mentionné mais Any Human Heart est l’adaptation du roman éponyme de William Boyd (A Livre Ouvert dans sa version française) et ce dernier offre le scénario de cette série, ce qui explique surement sa qualité. Ça m’a donné envie de lire cet auteur : je compte feuilleté Any Human Heart et surtout lire La vie aux aguets que j’ai reçu aujourd’hui même.

 

Où se procurer Any Human Heart (2010) ?

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Any Human Heart

(A Livre Ouvert)

DVD – EUR 12, 40

(VO sous-titrée en anglais uniquement)

 

 

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Any Human H

eart de William Boyd

Penguin – 512 pages

EUR 9, 56

 

 

william-boyd-a-livre-ouvertA livre ouvert de William Boyd

Points – 608 pages

EUR 8, 27

 

 

 

Amis anglophiles, le mois anglais is coming !

 

9e contribution au mois anglais organisé par Lou et Titine

 

 

"Little Dorrit’ (BBC, 2008) d’après le roman de Charles Dickens. Avec Matthew MacFadyen.

21 Juin
 
« You talk easily of hours, sir. How long do you think an hour is to a man who is choking for want of air? »
 

 

Synopsis

« Little Dorrit« , voilà comment on surnomme Amy Dorrit, une jeune femme de 21 ans menue mais grande par son courage qui est née et continue à vivre à la Maréchaussée, la prison pour dettes de Londres, prenant soin de son père captif, connu pour être »le Père de la Maréchaussée » tant sa détention fut longue. Libre de sortir pour subvenir aux besoins de sa famille, Amy est recommandée aux Clennam, une famille de riches négociants où elle est employée pour des travaux de couture par Mrs Clennam, une vieille femme solitaire, acariâtre et paralysée des jambes qui, malgré son tempérament autoritaire, la traite avec tendresse. Son fils Arthur revient au pays après quinze ans d’absence pendant lesquelles il a servi de bras droit à son père dans ses affaires en Chine. Sur son lit de mort, son père lui confie une montre à gousset à remettre à sa mère, visiblement torturé par l’idée de « réparer » quelque chose… Obsédé par les dernières paroles de son père, Arthur devine qu’un lourd secret entoure sa famille et il s’apprête à tout mettre en oeuvre pour le découvrir. Pourquoi n’est-ce pas un hasard si Mrs Clennam emploie Amy, elle si peu habituée aux œuvres de charité ? Amy serait-elle impliquée dans ce lourd secret qui pourrait ruiner à jamais la réputation de la maison Clennam  ?  Arthur se lie rapidement d’amitié avec Amy, devient un bienfaiteur pour son père et pourrait bien être sur le point de changer leur vie à jamais.   

 

Après Les Piliers de la Terre et surtout Ripper Street, je continue ma folle aventure dans la filmographie de Matthew MacFadyen qui est en train de devenir un de mes acteurs fétiches ce qui n’était pas gagné au départ. Je suis tombée sous le charme d’un nouvel period drama Little Dorrit (2008) où il joue l’un des rôles principaux, celui de l’adorable Arthur Clennam, un vrai gentleman. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, cette mini-série n’a pas été distribuée en France ce qui m’a permis de la voir en VO et donc profiter pleinement de la voix profonde et grave de Matthew MacFadyen, parfaite pour la narration et ce n’est pas étonnant s’il a beaucoup lu pour le public comme ce poème de W.B. Yeats que j’écoute avec tant de plaisir, « When you are old » :

 

 

L’héroïne de cette série, Amy, interprétée par Claire Foy (connue pour son rôle de Julia dans Being Human) que je ne connaissais pas, a été pour moi une vraie découverte et son personnage est touchant sans être larmoyant, courageuse sans être héroïque et amoureuse sans être niaise. Grâce à l’interprétation de son actrice qui passe très bien de l’humilité et de la discrétion, de la tristesse à l’indignation, c’est un personnage tout en nuance et profondément unique qui va vous toucher, vous attendrir et même vous faire un peu pleurer. Je me suis beaucoup identifiée à elle et je trouve que dans ce genre de period drama où l’on rencontre beaucoup de personnages pauvres, elle se distingue par sa force de caractère et son stoïcisme qui lui permet d’être heureuse même dans sa condition de fille-infirmière pour son père. Elle ne se plains jamais de son sort et c’est peut-être ce qui fait qu’elle mérite d’autant plus d’être aidée par Arthur.

 

En tant qu’héroïne, elle a bien sûr droit à de très jolies scènes, parfois tendres, parfois poignantes, comme celle où elle jette à l’eau le bouton de manchette d’Arthur qu’elle a conservé, comme une façon de renoncer définitivement à en être aimée puisque sa famille vit à son crochet. Il y a aussi cette scène splendide et très poétique où elle raconte une histoire à son amie Maggy (Eve Myles) qui est une sorte de métaphore de sa relation avec Arthur Clennam, qui est le premier à prendre pitié du sort de sa famille.

 « Once upon a time there was a princess. And she had everything that you could wish for and a great deal more. Now, near the palace was a cottage in which live a poor, little, tiny woman. All alone. Quite a young one. And one day, the princess stopped at the cottage and said to the tiny woman, « Let me see what you keep there. » And the tiny women open her very secret place and showed the princess a shadow. It was the shadow of someone who’d gone by many years ago. « And you keep watch over this every day? » said the princess. « Yes, » said the tiny woman. « Because no one so good or kind had ever passed that way ever since. » She realized that for all of her gold and silver and diamonds and rubies, she had nothing so precious to her as that shadow was to that tiny woman. »

 

L’une des perles de cette mini-série, c’est aussi le thème musical composé par John Lunn qui revient à chaque moment charnier et dramatique, à la fois triste et intense, lent et rapide ce qui symbolise assez bien les hauts et les bas de l’histoire d’Amy Dorrit. C’est une mélodie qui vous restera en tête, preuve que c’est une très bonne mélodie. Elle me rappelle un peu la musique de Downton Abbey, ce qui n’est pas si idiot puisque John Clunn a aussi composé pour cette série

 

Little Dorrit est aussi très beau esthétiquement avec une photographie à la fois très sombre dnas la partie londonienne, et très colorée et lumineuse dans les moments passés en Italie par la famille Dorrit et particulièrement à Venise, un lieu vraiment emblématique pour moi que je retrouve toujours avec tendresse à l’écran. Les scènes à Venise ont toutes un coté très intimistes et poétiques et c’est un moment pour Amy de grand émerveillement qu’on partage avec elle très facilement.

 

 

Le grand intérêt de cette série, c’est bien sûr le mystère qui entoure la famille d’Arthur Clennam et qui implique Amy Dorrit derrière les dernières volontés de son père : « Arthur… Your mother… Put it right… » et derrière l’enigmatqiue inscription cachée dans la montre à gousset de son père « Do not forget ». Réparer quoi ? Ne pas oublier quoi ? Qui les Clennam ont-il lésé ? Pourquoi cela déshonorerait-il autant les Clennam ? Mrs Clennam (Judith Parfitt) et son domestique Mr Flintwinch semblent être mieux renseignés que les autres mais restent plus silencieux qu’une tombe sur le sujet. Mais Blandois, un notoire meurtrier français (Andy Serkis) qui fait plus froid dans le dos que Gollum va rapidement découvrir leur secret et, bien sûr, leur tirer les vers du nez, moyennant sonnantes et trébuchantes pour payer son silence…

 

Comme beaucoup de period drama, Little Dorrit brille par ses personnages secondaires. Tom Courternay, qui joue le père d’Amy, William Dorrit, joue avec beaucoup de justesse ce personnage, à demi-fou, bouffi de fierté mais aussi souffrant de sa captivité qui n’en finit pas.  Je pense à une scène très poignante en particulier à l’épisode 4 qui est peut-être le climax de sa détresse. Vraiment heart-breaking :

« What does it matter whether I eat or starve? What does it matter whether such a blighted life as mine comes to an end, now, next week, or next year? What am I worth to anyone? Oh, Amy ! If you could see me as your dear mother saw me. I was young, I was accomplished, good-looking and people sought me out, and envied me. They envied me! And yet I have some respect, here. I am not quite trodden down. Go out and ask who is the chief person in the place. They’ll tell you « it’s William Dorrit ». Go and ask who is never trifled with, and they’ll tell you « it’s William Dorrit ». Go and ask what funeral here will make more talk, yes and perhaps more grief, than any that has ever gone out at the gate. They’ll tell you « Its William Dorrit. » William Dorrit.!William Dorrit! William Dorrit! »

Il y a aussi John Chivery, le fils du gardien de la Maréchaussée, qui est très touchant en amoureux transi et qui a plusieurs scènes vraiment privilégiées pour un personnage si secondaire. Je ne connaissais pas Russell Tovey, encore un revenant venu de Being Human mais j’ai hâte de le revoir dans d’autres productions. Plus que tout, j’ai été très touchée par le personnage de Maggy, l’amie d’Amy, qui est retardée mentalement n’ayant pas évolué depuis ses dix ans à cause d’une fièvre. Elle est vraiment touchante et très bien jouée par Eve Myles qui a beaucoup de talent et qui joue son rôle avec beaucoup de justesse. Et, on retrouve avec plaisir Arthur Darvill, ce cher Rory dans Doctor Who bien que son personnage ne soit pas des plus réluisants et marquants. Any way, ça fait plaisir de revoir sa frimousse rousse.

 

En bref, autant pour son casting que pour Matthew MacFadyen, pour la BBC ou pour Dickens, ne ratez pas Little Dorrit si vous avez l’occassion de vous le procurer. Vous vous offrirez un moment bien divertissant plein de mystère, de tendresse, d’amitié et un peu d’amour… Little Dorrit est parfait pour l’été qui commence aujourd’hui.

 

Où se procurer Little Dorrit ?

 
Little Dorrit (BBC, 2008), une mini-série produite par Andrew Davies de 14 épisodes de 29 minutes, d’après le roman de Charles Dickens. Avec Claire Foy (Amy Dorrit), Matthew MacFadyen (Arthur Clennam), Tom Courtenay (William Dorrit), Judith Parfitt (Mrs Clennam),  Russell Tovey (John Chivery), Freema Agyeman (Tattycoram), Eve Myles (Maggy), Arthur Darvill (Edward « Tip » Dorrit) et Andy Serkis (Rigaud/Blandois).
 
Disponible pour EUR 26, 49 (VO uniquement)
 
 

 
 
 

Sixième contribution au mois anglais, organisé par Lou et Titine.

"Ripper Street" (BBC, 2012), avec Matthew MacFadyen

12 Juin
« What use our work… if we cannot care for those we love? »

 




Synopsis

 
Avril 1889. Six mois après les derniers crimes de Jack l’Éventreur, son ombre plane toujours sur Londres et Whitchapel, le quartier des prostituées, des juifs et des taudis où il a sévi. Pourtant, le travail de la Metropolitan Police et de l’inspecteur Edmund Reid (Matthew MacFadyen) continuent avec l’aide de l’agent Bennet Drake (Jerome Flynn), de son chirurgien américain Homer Jackson (Adam Rothenberg) et de la complicité de Long Susan qui dirige une maison close à Tender Street. La criminalité ne cesse d’augmenter et le souvenir du « Ripper » est grand, surtout lorsqu’une prostituée est retrouvée eventrée, visiblement d’après le rituel du célèbre meurtrier. Est-ce une mise en scène macabre ou le vrai signe de son retour ? 
 
Déjà dans Les Pilliers de la Terre, j’avais commencé peu à peu à me réconcilier avec Matthew MacFadyen, un acteur avec pourtant un gros potentiel mais qui, jusqu’à ce jour, ne m’avait jamais vraiment convaincue dans ses rôles, Mr Darcy inclus. Mais ça, c’était avant Ripper Street qui ne serait rien sans Matthew MacFadyen, lui qui joue l’inspecteur qui a enquêté sans succès sur l’affaire du « Ripper » et qui est torturé par la disparition de sa fille, refusant contrairement à sa femme d’en faire le deuil. Il s’est enfin trouvé un rôle à la hauteur de son talent et sa voix rauque ne peut rendre que plus crédible ce personnage brisé et pourtant forcé de continuer son travail au détriment de sa vie privée.

 

 

 

 

 

 

 

L’autre surprise de cette série, c’est de retrouver autant de bons acteurs, pour la plupart tout droit venus de Game of Thrones. Le temps d’un épisode, « The Weight on One Man’s Heart », Jerome Flynn comme acteur régulier connu pour son rôle de Bronn dans GoT est confronté à un test de loyauté quand il retrouve son ancien colonel Faulkner, joué par Iain Glenn qui joue le sexy Jorah Mormont et dont je ne me lasserai jamais de sa voix rauque.

Bref, on ne s’en lasse pas et, mise à part les têtes connues, j’ai été charmée par la personnalité haute en couleur de l’Américain de service, le « Captain » Jackson (Adam Rothenberg) qui a toutes les qualités réunies pour devenir un personnage inoubliable et attachant : ivrogne, malpropre, en cavale, locataire dans une maison close, tricheur et imbattable quand il s’agit de sauver sa peau.

L’autre atout de Ripper Street, c’est son réalisme et à quel point on frémit dans cette atmosphère putride, vicieuse et dangereuse du Londres victorien sous la menace du retour du « Ripper » qui défie non seulement la couronne, la police mais aussi la sécurité des grands comme des petites gens. Mais plus que tout, c’est le trio mal assorti de l’inspecteur Reid, de l’agent Drake et de Jackson qui donne autant de panache à cette série qui, certes, a du mal à démarrer mais qui vous mettra en haleine  jusqu’à la fin dès le troisième épisode. C’est certain, l’atmosphère est souvent sombre mais le cynisme et l’humour de Ripper Street donne à toutes ces affaires macabres un soupçon divertissant et excitant qui ne les quitte pas jusqu’au finale de la saison 1 où courriers du coeur, enlèvement de jeunes filles et proxénétisme sont au rendez-vous pour votre plus grand plaisir.

L’atout de charme parmi ce monde d’hommes est bien sûr le casting féminin qui, non seulement nous fait rentrer dans le monde sulfureux et scandaleux de la prostitution, avec Susan (Amanda Hale) pour le rôle principal mais aussi des femmes respectables comme la femme de l’inspecteur Reid, Emily dont la dévotion religieuse lui permet d’oublier son chagrin mais surtout la directrice d’un orphelinat juif, Deborah Goren qui est un personnage bluffant, tout ne profondeur et en humanité. Et, pour la fan de mode victorienne que je suis, la garde de robe de ses dames, surtout des prostituées, ne peut que me faire saliver d’envie.

Après ces huit épisodes haletants, on ne peut qu’en redemander, déçue de ne pas pouvoir en voir plus et complètement impatiente de connaitre la suite des enquêtes de l’inspecteur Reid dans la saison 2, prévue seulement en 2014.

Ripper Street (2012-…), une production de BBC One, créée par Richard Warlow en huit épisodes de 60 minutes. Avec Matthew MacFadyen (Inspecteur Edmund Reid), Jerome Flynn (Bennet Drake), Adam Rothenberg) et Amanda Hale (Long Susan).

Pour l’instant seulement disponible dans les pays anglophones pour £12.75.

Saison 2 programmée pour 2014.

 



Quatrième contribution au mois anglais organisé par Lou et Titine.

 

 

Billet rétroactif pour le rendez-vous de juillet autour de Jack the Ripper des British Mysteries chez Lou et Hilde.

"Les Piliers de la Terre" (2010), une mini série d’après le roman de Ken Follett

6 Mar
Les Piliers de la Terre (The Pillars of the Earth – 2010), une mini-série de huit épisodes d’après le roman éponyme de Ken FOLLETT. Produit par Ridley Scott. Avec Ian McShane (Waleran Bigod), Rufus Sewell (Tom le Bâtisseur), Matthew MacFadyen (Prieur Philip), Eddie Reydmayne (Jack Jackson), Hayley Atwell (Aliena) et Natalia Worner (Ellen).

Synopsis


Dans l’Angleterre du XIIème siècle, le royaume vit une heure charnière où la grande Histoire autant que plusieurs histoires individuelles, nourries d’ambition, de gloire, de rêve, de piété et d’amour, sont en marche et risquent de changer le monde obscur et sans perspective que les protagonistes connaissent. L’essentiel de l’action se déroule à Kingsbridge, un village fictif, où voit le jour un projet de construction initiée par le prieur Philip et d’après l’oeuvre visionnaire de Tom dit « Le Bâtisseur » qui rêve de construire une cathédrale, grandiose et à la gloire de Dieu, De cette cathédrale naîtra l’art gothique… à moins que des obstacles insurmontables n’en bloquent l’achèvement, manigancés par l’ambitieux et machiavélique Waleran, un homme d’Eglise sans foi ni loi. 

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas une série de la BBC que je vous présente à l’instar de North & South ou de Robin des Bois mais, à l’image de cette dernière, je semble avoir élu domicile au Moyen-Age ces derniers temps. Pas de hors-la-loi cette fois-ci dans Les Piliers de la Terre mais une aventure humaine mêlant fiction et Histoire (comme on les aime !) qui aboutie à quelque chose de très réaliste grâce au jeu impeccable des acteurs. Le royaume d’Angleterre est à la fois présenté vu d’en-haut à la cour où les intrigues royales et les rivalités entre seigneurs pour conserver ou gagner le pouvoir ou un titre vont bon train mais surtout par le bas, parmi les petites gens: de modestes moines loin de la pompe ecclésiastique, un bâtisseur et sa famille, une guérisseuse et son fils doué de ses mains mais timide et taciturne,une vie simple marquée par les foires, les pèlerinages et les marchés provinciaux.

On suit en même temps plusieurs intrigues dans différents lieux qui finissent par toutes se rejoindre. Vous allez me dire : on ne s’y perd pas ? Pas du tout car dès le début, le spectateur est pris par la main et peut mieux visualiser l’ensemble grâce à une carte interactive qui apparaît à chaque fois que le lieu change. C’est très pratique et bien pensé et, étant une amoureuse des vieilles cartes, ça n’a pu que me plaire.

Statue de Ken Follett

Cette série est l’adaptation du roman du même nom de Ken Follett (qui fait une petite apparition en caméo dans l’épisode 7 en plus d’être l’un des scénaristes de la série) et sa suite, Un monde sans fin a aussi été adaptée cette année. Sans l’avoir lu, on sent que ça doit être une oeuvre très dense inspirée par la fascination de l’auteur pour les cathédrales, du savoir-faire des bâtisseurs au Moyen-Age, de leurs voyages aux quatre coins de l’Europe pour perfectionner leur art et, surtout de leur patience et, quelque part, leur sacrifice, d’attendre parfois des siècles pour achever une cathédrale, sans pouvoir la voir de leurs propres yeux.

Tom le Bâtisseur (Rufus Sewell)

Autant le livre que la série sont faites pour les amoureux d’architecture et particulièrement de l’art gothique. Ken Follett s’est inspiré à la fois de la cathédrale de Wells et de celle de Salisbury pour imaginer la cathédrale de Kingsbridge. On suit deux générations de bâtisseurs : Tom (Rufus Sewell) qui en a le rêve fasciné par les effets de lumière dans une cathédrale qui a en tête un projet moins ambitieux que son continuateur et disciple, Jack Jackson (Eddie Redmayne), parfaisant ses talents auprès d’autres maîtres en voyage en France sur le chantier de la cathédrale de Saint-Denis. Il y apprendra le secret des croisées d’ogives pour construire non pas une voûte en bois mais en pierre sans déséquilibrer la base grâce aux connaissances dans la géométrie d’Euclide apprises en France (en Espagne dans le livre).

Jack Jackson (Eddie Redmayne)
Toutefois, avec le joli minois de Jack, l’architecture n’est pas le seul intérêt de cette série où l’on suit autant la construction de la cathédrale que l’évolution des relations entre certains personnages, dictés par le désir et l’amour. Jack s’éprend rapidement de la fille d’un comte, bientôt déchu, Aliena de Shiring (Hayley Atwell) mais, à cause de sa timidité et de nombreux obstacles (notamment plusieurs rivaux…), leur relation patauge un peu ce qui la rend d’autant plus intéressante qu’on est autant dans l’inconnu que Jack sur les vrais sentiments d’Aliena à son égard. 
Aliena (Hayley Atwell)
Il faut dire que les choses de l’amour, ça ne l’intéresse pas beaucoup puisqu’elle est hantée par une mission : celle de venger son père et de retrouver pour son frère les droits et titres du comté de Shiring volés par une famille ambitieuse, les Hamleigh. Ainsi, même si la romance est au coeur de cette série autant que certaines scènes d’action (des batailles pour la plupart), rien n’est joué d’avance, rien ne dit que le dénouement sera celui que le spectateur attend ce qui nous met en haleine durant ces huit épisodes. 
Prieur Philip (Matthew MacFadyen)
Comme je l’ai dit plus haut, je suis très admirative du jeu des acteurs. Matthew MacFadyen (Prieur Philip) est beaucoup plus convainquant dans son rôle d’un moine, puis d’un prieur honnête mais fin politique pour mener à bien son projet de cathédrale, beaucoup plus dans d’autres de ces films comme Joyeuses funérailles (et même, dans Orgueil et préjugés…) par exemple où il m’avait un peu déçue en surjouant un peu ses émotions. C’est un rôle sobre mais il arrive à faire dégager de son personnage une grande force et beaucoup de charisme.. 
Waleran (Ian McShane)
Le casting jongle à la fois entre des talents confirmés et de sympathiques découvertes et je suis assez conquise par ce choix-là étant donné que les deux acteurs qui m’ont le plus marqué dans leur personnalité y correspond. Le personnage de Waleran, joué par Ian McShane, est pour le moins odieux : pourri jusqu’à la moelle, il est ambitieux, intrigant, manipulateur et cruel. Toutes les qualités en somme pour en faire un parfait ecclésiastique… Seul petit bémol: son personnage est tout ce qu’il y a de plus manichéen mais là où il aurait pu être ridicule sous les traits d’un autre acteur, le talent indéniable de Ian McShane le rend plus profond et plus crédible même dans ses excès de machiavélisme. 
Ellen (Natalia Worner)
Pour contrebalancer, le personnage d’Ellen, une guérisseuse et la mère de Jack Jackson, est un personnage certes plus en retrait que le plupart mais avec une personnalité bien marquée qui rend son personnage l’un des plus intéressants de la série. Jouée par une actrice allemande plutôt sexy Natalia Worner, Ellen est une femme des plus modernes dans e monde médiéval : anti-conventionnelle, à la féminité décomplexée, c’est un personnage haut en couleur d’autant plus qu’elle est le clé d’un secret qui pourrait bien faire pencher la balance en faveur des justes. En règle générale, les personnages féminins ne sont pas du tout caricaturaux dans cette série : elles sont des femmes de tête et elles ne se laissent pas dictées leur conduite par n’importe qui. 

 

Petit clin d’oeil historique et littéraire, l’intrigue m’a beaucoup fait pensé à la pièce de théâtre de T.S Eliott Murder in the cathedral sur la rivalité entre le pouvoir temporel et spirituel, entre le royaume et l’Eglise autour du meurtre véridique en 1170 de Thomas Beckett, l’archevêque de Canterbury dans sa propre cathédrale. Cela intensifie le brouillage qu’il y a dans cette série (et visiblement dans le livre) entre l’Histoire et la fiction.

 

 

Quant à la suite de cette série, Un monde sans fin qui, à défaut de voir revenir les mêmes personnages met en scène leurs descendants au XIVème siècle, je vous la conseille tout autant ! Même si j’ai eu du mal à accrocher dès le début (dur d’abandonner des personnages qu’on a aimé pendant huit épisodes), elle a gagné en intérêt au fil des épisodes même si elle est nettement plus sombre que la première série. Il faut dire qu’on est en pleine guerre de Cent Ans et que la ville et les habitants de Kingsbridge n’ont pas du tout les faveurs du pouvoir…

 

Où se procurer Les Piliers de la Terre

  • La série est disponible en DVD au prix de EUR 15, 70 sur Amazon
  • Si la série vous a conquise comme moi, vous pouvez aussi vous procurer le roman de Ken Follett dont il est l’adaptation pour EUR 10, 64 en Livre de poche.