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« Being Human » (BBC, 2008) (Saison 1)

13 Oct
George, Mitchell & Annie (Being Human - ©SHParsons

George, Mitchell & Annie (Being Human – ©SHParsons)

Being Human (BBC Three, 2008-2013), créé par Toby Whithouse au format de 6-8 épisodes de 58′ par saison. Avec Aidan Turner (John Mitchell), Russell Tovey (George Sands), Lenora Crichlow (Annie Sawyer), Sinead Keenan (Nina Pickering), Annabel Scholey (Lauren) & Alex Price (Gilbert). 

Trois colocataires partagent une maison à Bristol. Deux jeunes hommes et une jeune femme comme les autres… paranormaux en vérité, car Mitchell est un vampire, George un loup-garou et Annie une revenante en quête d’une vie pseudo-normale. Comment rester humain malgré sa différence ?

Quand on partage une coloc d’écrivains avec une autre blogueuse, Adeline, qui s’y connait en entretiens avec un vampire, on ne peut qu’en venir à regarder et aimer Being Human. Et pourtant, ce n’était pas forcément gagné : que Dracula me pardonne, je ne suis pas une fan de vampires. L’effusion d’hémoglobine n’éveille rien en moi, ni même le fantasme d’immortalité ou la métaphore pseudo-érotique de la morsure dans le cou pour aspirer le fluide vital de son/sa partenaire comme ultime jouissance.

Mitchell (Aidan Turner)

Mais ça, c’était avant que les vampires rient comme Aidan Turner et qu’ils portent si bien sur leur figure « je suis un ONS d’enfer » en enlevant désobligeamment une paire de lunettes de soleil ou en arborant  une mou du style « Je tue mais je me soigne ». La fraîcheur et l’air enjoué, blagueur du personnage de Mitchell, malgré ses démons intérieurs, m’ont rappelé très souvent Desperate Romantics et son rôle de Dante Gabriel Rossetti ce qui rend d’emblée ce vampire dans la catégorie des marginaux. En effet, au début de la série, Mitchell décide de se « sevrer » : ne plus tuer (et particulièrement ses petites amies), devenir plus humain que monstre et vivre une vie (presque) normale pour mieux s’intégrer parmi les humains. Vous vous imaginez bien que ça ne va pas être de tout repos, surtout quand on est  un être de désir qui répond au désir par le désir…

La maison d’Annie

D’ailleurs, c’est l’idée de vivre normalement parmi les humains qui a poussé Mitchell et George de co-louer cette maison à Bristol avant de se rendre compte que cette maison en guimauve était hantée par le fantôme de l’ancienne propriétaire, Annie qui, depuis sa mort (un an plus tôt), a plus ou moins fait fuir les anciens locataires. En tant qu’êtres  un peu spéciaux, ils sont les premiers à la voir et à lui  parler.

Annie (Lenora Crichlow)

Annie, c’est  un peu la boute-en-train du trio, et là encore, la série déplace le codes habituels sur les revenants pour en aire quelqu’un de certes parfois un peu émotive, se déplaçant d’une pièce à une autre, cassant ou bougeant deux-trois objets sur son passage sous le coup de l’émotion mais ça n’en fait pas une Mimi Geignarde pour autant ! Elle a plus l’étoffe d’une ange gardien qu’autre chose et je dois avouer que sa frimousse, ses mimiques et sa personnalité m’ont plu dès les premières minutes de visionnage. Ça faisait longtemps qu’ un personnage féminin ne m’avait pas fait glousser !

George (Russell Tovey)

Mais surtout, il y a George. Comment vous parlez sérieusement et calmement de George ? Il est tellement anglais ! (compliment ultime) Je connaissais déjà Russell Tovey depuis Little Dorrit où il avait déjà  un bon potentiel comique  mais là, comme le dirait Adeline, « c’est le meilleur coloc du monde ».

Bernie (Ep. 4 « Another Fine Mess »

Il a  une sacrée propension incroyable à atteindre les aigus quand il crie comme une fillette ce que j’avais déjà remarqué dans Little Dorrit, by the way. (On ne change pas une équipe qui  gagne…) Bref, George n’a aps l’aisance de Mitchell niveau confiance en soi mais i l remuera votre petit coeur. Surtout quand il parle de sa lycanthropie et de la souffrance de ses transformations. Le deuxième épisode, Tully, est clairement l’un des plus durs émotionnellement avec la fin de l’épisode 3 (« Ghost Town ») mais ça, c’est parce que j’ai pleuré comme une madeleine et j’ai mes raisons !

La vie en colocation

Vous l’aurez compris, Being Human n’a rien d’une série fantastique comme les autres  malgré  un certain « bestiaire » en commun, des éléments paranormaux, une vie souterraine et surtout  une bande de méchants pas beaux légèrement psychopathes et sadiques sur les bords. C’est surtout  une série dans la tradition des séries comiques de flatmates (Friends, bien sûr mais aussi plus récemment Threesome avec deux acteurs-chouchous : Emun Elliott & Stephen Wight repérés dans The Paradise) avec une veine fantastique mais comme une majeur partie de l’action se passe dans la maison d’Annie (considérée comme une sorte de planque ou d’havre de paix), on est pleinement immergé dans la vie de ces trois colocataires avec les rigolades et les prises de bec habituels.

Aidan Turner (Mitchell) & Lenora Crichlow (Annie)

Russell Tovey (George)

Mitchell (Aidan Turner)

Ce qui rend Being Human très attractif pour quelqu’un qui n’est pas fan de vampires et de tueries sanglantes, c’est la force dramatique et les conflits intérieurs qui perturbent ces trois êtres hybrides qui n’arrivent pas à trouver une place dans ce monde qui les exclue ou qu’ils choisissent de renier. Autant Mitchell que George sont tiraillés par leurs penchants plus ou moins bestiaux ou sauvages : si c’est la culpabilité qui hante  l’un, c’est le déni de sa nature profonde et de sa double  personnalité qui bloque l’autre. L’un a trop assumé a bête en lui, l’autre cherche par tous les moyens à la nier.On s’étonne après qu’ils soient si complémentaires !

« They were just two souls united by fear and solitude. Lost in the dark. Fate pushed them together and now they were going to find out why. » (ANNIE – Ep. 6 « Bad Moon Rise »)

Nina (Sinead Keenan) & George (Russell Tovey)

Ce n’est d’ailleurs pas seulement  une question d’identité et de quête de soi ; Being Human exploite à merveille ce que ça représente d’être différent et en quoi l’attrait de la normalité (concept bien artificiel) peut être fort dans nos choix de vie. Il ne s’agit pas d’être humain (de correspondre à une espèce, une nature, une essence), il s’agit d’en être digne, de suivre et de choisir une éthique particulière et des valeurs universelles qui unissent tout un chacun, quelque soit son identité. L’amitié, l’amour, le sens du sacrifice, ça peut paraître des valeurs un peu niaises pour finir cette saison et, pourtant, au bout de six épisodes de Being Human, il n’y a pas eu de plus belle définition de l’humanité. Choisir l’humanité, la générosité et le bonheur, est-ce être lâche ? faible ? Autant Nina (Sinéad Keenan) dans la vie de George, que Bernie ou Josie dans celle de Mitchell ou encore Gilbert (Alex Price) dans celle d’Annie ancre le trio dans le sentiment humain le plus pur qui soit, l’amour. Ca fait peut être cucu la praline e dire les choses ainsi mais jouer constamment les blasés, les cyniques et les durs à cuire n’est pas forcément une preuve d’intelligence supérieure. Malgré  un tel « message », Being Human évite un certain manichéisme attendu en brouillant les « camps » de chacun et insistant sur le choix de devenir humain ou inhumain là où la raison de la transformation des trois personnages a été subie.

Avant de conclure, j’ai eu envie de rendre hommage au beau travail  de caractérisation des personnages dans cette  série. Comme souvent à la BBC, le casting est toujours impeccable. Tous les personnages ont de l’ampleur, même les plus secondaires, ceux qu’on ne croisent qu’un seul épisode comme celui de Tully (le loup-garou qui a transformé George) ou encore Gilbert qui est un peu mon chouchou dans cette saison alors qu’on ne le voit que dans un seul épisode. Et pourtant, il est parfait. Gilbert est un fantôme qui va énormément aider Annie à encaisser les raisons de sa mort Disparu dans les années 80, on le rencontre dans un night club et on comprend de suite que c’est un féru de musique. Cet épisode, est d’ailleurs juste sublime rien que dans sa bande son mais, de manière générale, tous les épisodes sont très soignés en la matière sans que la musique paraisse trop envahissante. Bref, Gilbert est typiquement anglais, Gilbert danse comme un dieu, Gilbert lit Nietzsche en fumant et Gilbert est à la fois cynique et touchant. Bref, je l’aime d’amour.

Gilbert 

(Alex Price)

est

merveilleux !

Fan (ou pas) de vampires, de loups-garoux, de fantômes, ne ratez pas le coche, regardez Being Human. J’ai commencé hier la saison 2 et, croyez moi, le meilleur est à venir !

Où se procurer Being Human (Saison 1) ?

Being Human – DVD (import anglais, sans sous-titrage français)

EUR 7, 99

(Vu qu’elle a bien été diffusée en France, une version française est forcément disponible quelque part mais pas sur Amazon d’après mes recherches. Mais ça va de soi de les séries de la BBC ont un charme unique en VO. A bon entendeur !)

Challenge Halloween chez Lou et Hilde – Première participation

« Desperate Romantics » (BBC, 2009)

16 Juil
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John-Everett Millais (Samuel Barnett), Dante-Gabriel Rossetti (Aidan Turner) et William Holman Hunt (Rafe Spall)

 

Desperate Romantics, mini-série BBC de 6 épisodes (60′) produite en 2009 avec Aidan Turner, Samuel Barnett, Rafe Spall, Sam Crane, Tom Hollander, Amy Manson, Zoe Tapper et Jennie Jacques.

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Dante Gabriel Rossetti, La Ghirlandata (1871-1874)

La première fois que j’ai eu en main le travail envoûtant des Préraphaélites, et surtout celui de Dante Gabriel Rossetti, a dû coïncider avec ma lecture des romans de Jane Austen grâce aux couvertures 10/18 de toutes leurs éditions qui correspondent chacune à un tableau de Rossetti, notamment Raison & Sentiments avec La Ghirlandata  

Je n’ai jamais très bien saisi le lien entre Jane Austen et les Préraphaélites (et je crois honnêtement qu’il n’y en a pas) mais l’esthétisme de ces tableaux, entre réalisme et imagination, m’a toujours séduit et c’est donc tout naturellement que j’ai relevé le défi de regarder Desperate Romantics, un biopic sur la Pre-Raphaelite Brotherhood.

Dante Gabriel Rossetti (Aidan Turner)

D’emblée, le personnage de Rossetti, joué par Aidan Turner (un certain Kili dans The Hobbit, vous savez ce film où pour la première fois, les nains sont sexy ?), est au centre de Desperate Romantics surement pour son charisme, sa personnalité haute en couleur et joviale. Mais, même si lhistoire de Gabriel est nettement plus exploitée que celles des autres (peut-être parce qu’on sait plus de choses sur sa vie et qu’elle est beaucoup plus intimement liée à son oeuvre), Desperate Romantics est bien une mini-série sur la confrérie préraphaélite presque au complet, peintres et critiques, artistes, Muses et mécènes : les fondateurs « Johnny » Millais, « Maniac » Hunt et Gabriel Rossetti ; Lizzie Siddal, Annie Miller, Effie Ruskin et Jane Burden les quatre modèles « maîtresses » ou encore le grand John Ruskin qui va rendre célèbres et populaires la Pre-Raphaelite Brotherhood.

Lizzie Siddal (Amy Manson)

Après un très bel et très engageant opening credits avec des touches de peinture plus colorées les unes que les autres, on rencontre rapidement la première Muse des Préraphaélites, Lizzie Siddal (Amy Manson) dans une scène pour le moins envoûtante où elle sort de la boutique de chapeaux où elle travaille et où elle dénoue ses magnifiques cheveux roux.

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John-Everett Millais, Ophelia (1852)

Si Lizzie est la muse presque exclusive de Rossetti, Elizabeth Siddal a surtout donné ses traits au tableau  préraphaélite le mieux connu (je l’espère), Ophelia de John-Everett Millais. Je ne connaissais pas l’histoire de sa production et le danger qu’a couru Lizzie pour poser ce magnifique tableau. Imaginez que ce tableau a été peint en plein hiver, dans l’atelier de Millais et que Lizzie a dû poser de longues heures toute habillée dans une baignoire remplie d’eau, seulement réchauffée par des bougies en dessous du tube. Desperate Romantics a forcément légèrement plus dramatisé cette scène mais absorbé par son travail (et par quelques rêveries mettant en scène la splendide Effie Ruskin dans la série), les bougies n’ont pu que s’éteindre sans qu’il s’en aperçoive et sans que Lizzie, en parfait modèle, ne se plaigne de quoi que ce soit. Dans la série, bien sûr, il a fallu rajouter une noyade avortée dans la baignoire mais Lizzie Siddal a vraiment gagné une bonne pneumonie, écourtant brièvement sa carrière de modèle.

DESPERATE ROMANTICS

Annie Miller (Jennie Jacques)

J’ai toujours été fascinée par les chevelures auburns des modèles préraphaélites et j’ai eu mon compte dans cette série de belles rousses non seulement Lizzie mais aussi Annie Miller (Jennie Jacques), une autre modèle, peut-être moins sympathique que Lizzie, mais dont l’histoire rocambolesque, coquine et artistique avec William Hunt a de quoi pimenter cette série ! Anciennement une simple serveuse dans l’auberge que fréquentent les trois peintres, elle va surtout poser pour Hunt qui va même lui enseigner quelques bonnes manières pour devenir sa femme. Mais, vu la demoiselle et l’impulsivité du peintre, rien ne dit que leur engagement va ou non aboutir…. Ce qui est sûr, c’est qu’Annie a de nombreuses cordes à son arc et qu’elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, au point de gifler Hunt devant toute l’Académie  pour l’avoir vexée.

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William Holman Hunt, The Awakening Conscience (1853)

Le tableau le plus représentatif de la relation entre Annie et Hunt est surement l’un des meilleurs de William Holman Hunt, The Awakening conscience sur le thème de la femme déchue, de la maîtresse (voire de la prostituée) qui aspire à une meilleure vie et cette seule aspiration transfigure le visage du personnage féminin qui, comme l’oiseau qui essaye de s’échapper par la fenêtre, regarde intensément le monde au-dehors à travers cette fenêtre qu’on voit se refléter dans un miroir, le miroir de sa propre conscience. Rien n’est idéalisé, tout est cosy et les moindres détails ramènent à la vie moderne la plus banale entre cette maîtresse et son protecteur qui la tient captive chez lui et dans ses bras.

Mais ce que Desperate Romantics nous aide à nous souvenir, c’est que les Préraphaélites n’ont pas seulement voulu révolutionner l’art conventionnel de leur époque mais aussi, grâce à de talents complets, ils ont marqué leur époque toute entière en poésie comme Gabriel Rossetti mais aussi en faveur des femmes non seulement en s’intéressant dans leur tableaux à la place de la femme mais aussi à leur sort dans la société, particulièrement les prostituées, chose qu’on retrouve dans la série avec le dispensaire créé par Charles Dickens et qu’Hunt participe à faire connaitre, quitte à se prendre quelques gifles de plus !

Mais ce qui m’a vraiment touché, c’est le talent de poète de Rossetti que je ne soupçonnais pas et quel honte qu’il ne soit pas assez connu en France, sans aucune bonne traduction digne de ce nom. Grâce à Virginia Woolf, j’avais déjà entendu parler de l’oeuvre poétique de sa soeur, Christina Rossetti, et j’ai pu d’autant plus savourer quelques pièces parmi l’oeuvre très productive de Gabriel, notamment « Sudden Light » parfaitement mis en scène et déclamé dans la série. Et quand on en lit, on a envie de tous les connaitre !

SUDDEN LIGHT

By D.G. Rossetti

 I HAVE been here before, 
              But when or how I cannot tell: 
          I know the grass beyond the door, 
              The sweet keen smell, 
    The sighing sound, the lights around the shore.

          You have been mine before,— 
              How long ago I may not know: 
          But just when at that swallow’s soar 
              Your neck turned so, 
    Some veil did fall,—I knew it all of yore.

          Has this been thus before? 
              And shall not thus time’s eddying flight 
          Still with our lives our love restore 
              In death’s despite, 
    And day and night yield one delight once more?

Effie Ruskin (Zoe Tapper)

Mais, à part le bonheur de ce bouillon de culture en regardant naïvement une bonne série, Desperate Romantics nous plonge parmi les meilleurs du XIXe siècle : John Ruskin (Tom Hollander, déjà apprécié dans Any Human Heart), l’homme de génie qui fait et défait les artistes à la point de sa plume mais aussi l’homme secret qui ne touchera jamais sa splendide femme, Effie (Zoe Tapper) pendant les cinq années de leur mariage, Charles Dickens, le premier des critiques frondeurs contre les Préraphaélites dont la langue acerbe est aussi bien pendue que sa longue barbe mais encore William Morris et « Ned » Burne-Jones, malheureusement légèrement sous-développés dans la série malgré leurs talents respectifs. Quel dommage d’en faire principalement de fangirls aux trousses de Gabriel.

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Fred Walters (Sam Crane)

Et au milieu de tous ces personnages extraordinaires se cache Fred Walters, un membre de la confrérie préraphaélite qui parait presque totalement fictif mais qui semble être un de leurs nombreux associés, tapis dans l’ombre. (Pour mieux connaitre Fred, suivez cette page). Fred joue les narrateurs mais il représente aussi tous ceux qui aspirent à faire partie de cette confrérie, remplie de gens extraordinaires mais aussi de personnes sans prétention qui sont capables de révolutionner leur époque s’ils suivent les mêmes idéaux pour devenir plus que de simples inconnus. Si vous vous reconnaissez en Fred, c’est que vous aussi vous prétendez à faire partie de la PRB (Pre-Raphaelite Brotherhood) avec deux siècles de retard mais rien ne dit que, quelque part, une nouvelle PRB n’est pas en marche, prête à vous accueillir.

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The PRB

Pour mieux se documenter

Après avoir regardé Desperate Romantics, si vous avez comme moi envie de tout connaitre de ces trois là et de toute la PRB, c’est que vous êtes normalement constitué. Comme je ne connais aucune parfaite bibliographie sur la PRB à vous conseiller, la BBC est toujours là quand on a besoin d’elle grâce à ses documentaires de qualité comme celui qui suit, très, très bien fait :

Où se procurer Desperate Romantics ?

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Le DVD de Desperate Romantics est disponible à l’achat pour EUR 12, 15 (avec sous-titres en anglais uniquement)

 

 

"Little Dorrit’ (BBC, 2008) d’après le roman de Charles Dickens. Avec Matthew MacFadyen.

21 Juin
 
« You talk easily of hours, sir. How long do you think an hour is to a man who is choking for want of air? »
 

 

Synopsis

« Little Dorrit« , voilà comment on surnomme Amy Dorrit, une jeune femme de 21 ans menue mais grande par son courage qui est née et continue à vivre à la Maréchaussée, la prison pour dettes de Londres, prenant soin de son père captif, connu pour être »le Père de la Maréchaussée » tant sa détention fut longue. Libre de sortir pour subvenir aux besoins de sa famille, Amy est recommandée aux Clennam, une famille de riches négociants où elle est employée pour des travaux de couture par Mrs Clennam, une vieille femme solitaire, acariâtre et paralysée des jambes qui, malgré son tempérament autoritaire, la traite avec tendresse. Son fils Arthur revient au pays après quinze ans d’absence pendant lesquelles il a servi de bras droit à son père dans ses affaires en Chine. Sur son lit de mort, son père lui confie une montre à gousset à remettre à sa mère, visiblement torturé par l’idée de « réparer » quelque chose… Obsédé par les dernières paroles de son père, Arthur devine qu’un lourd secret entoure sa famille et il s’apprête à tout mettre en oeuvre pour le découvrir. Pourquoi n’est-ce pas un hasard si Mrs Clennam emploie Amy, elle si peu habituée aux œuvres de charité ? Amy serait-elle impliquée dans ce lourd secret qui pourrait ruiner à jamais la réputation de la maison Clennam  ?  Arthur se lie rapidement d’amitié avec Amy, devient un bienfaiteur pour son père et pourrait bien être sur le point de changer leur vie à jamais.   

 

Après Les Piliers de la Terre et surtout Ripper Street, je continue ma folle aventure dans la filmographie de Matthew MacFadyen qui est en train de devenir un de mes acteurs fétiches ce qui n’était pas gagné au départ. Je suis tombée sous le charme d’un nouvel period drama Little Dorrit (2008) où il joue l’un des rôles principaux, celui de l’adorable Arthur Clennam, un vrai gentleman. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, cette mini-série n’a pas été distribuée en France ce qui m’a permis de la voir en VO et donc profiter pleinement de la voix profonde et grave de Matthew MacFadyen, parfaite pour la narration et ce n’est pas étonnant s’il a beaucoup lu pour le public comme ce poème de W.B. Yeats que j’écoute avec tant de plaisir, « When you are old » :

 

 

L’héroïne de cette série, Amy, interprétée par Claire Foy (connue pour son rôle de Julia dans Being Human) que je ne connaissais pas, a été pour moi une vraie découverte et son personnage est touchant sans être larmoyant, courageuse sans être héroïque et amoureuse sans être niaise. Grâce à l’interprétation de son actrice qui passe très bien de l’humilité et de la discrétion, de la tristesse à l’indignation, c’est un personnage tout en nuance et profondément unique qui va vous toucher, vous attendrir et même vous faire un peu pleurer. Je me suis beaucoup identifiée à elle et je trouve que dans ce genre de period drama où l’on rencontre beaucoup de personnages pauvres, elle se distingue par sa force de caractère et son stoïcisme qui lui permet d’être heureuse même dans sa condition de fille-infirmière pour son père. Elle ne se plains jamais de son sort et c’est peut-être ce qui fait qu’elle mérite d’autant plus d’être aidée par Arthur.

 

En tant qu’héroïne, elle a bien sûr droit à de très jolies scènes, parfois tendres, parfois poignantes, comme celle où elle jette à l’eau le bouton de manchette d’Arthur qu’elle a conservé, comme une façon de renoncer définitivement à en être aimée puisque sa famille vit à son crochet. Il y a aussi cette scène splendide et très poétique où elle raconte une histoire à son amie Maggy (Eve Myles) qui est une sorte de métaphore de sa relation avec Arthur Clennam, qui est le premier à prendre pitié du sort de sa famille.

 « Once upon a time there was a princess. And she had everything that you could wish for and a great deal more. Now, near the palace was a cottage in which live a poor, little, tiny woman. All alone. Quite a young one. And one day, the princess stopped at the cottage and said to the tiny woman, « Let me see what you keep there. » And the tiny women open her very secret place and showed the princess a shadow. It was the shadow of someone who’d gone by many years ago. « And you keep watch over this every day? » said the princess. « Yes, » said the tiny woman. « Because no one so good or kind had ever passed that way ever since. » She realized that for all of her gold and silver and diamonds and rubies, she had nothing so precious to her as that shadow was to that tiny woman. »

 

L’une des perles de cette mini-série, c’est aussi le thème musical composé par John Lunn qui revient à chaque moment charnier et dramatique, à la fois triste et intense, lent et rapide ce qui symbolise assez bien les hauts et les bas de l’histoire d’Amy Dorrit. C’est une mélodie qui vous restera en tête, preuve que c’est une très bonne mélodie. Elle me rappelle un peu la musique de Downton Abbey, ce qui n’est pas si idiot puisque John Clunn a aussi composé pour cette série

 

Little Dorrit est aussi très beau esthétiquement avec une photographie à la fois très sombre dnas la partie londonienne, et très colorée et lumineuse dans les moments passés en Italie par la famille Dorrit et particulièrement à Venise, un lieu vraiment emblématique pour moi que je retrouve toujours avec tendresse à l’écran. Les scènes à Venise ont toutes un coté très intimistes et poétiques et c’est un moment pour Amy de grand émerveillement qu’on partage avec elle très facilement.

 

 

Le grand intérêt de cette série, c’est bien sûr le mystère qui entoure la famille d’Arthur Clennam et qui implique Amy Dorrit derrière les dernières volontés de son père : « Arthur… Your mother… Put it right… » et derrière l’enigmatqiue inscription cachée dans la montre à gousset de son père « Do not forget ». Réparer quoi ? Ne pas oublier quoi ? Qui les Clennam ont-il lésé ? Pourquoi cela déshonorerait-il autant les Clennam ? Mrs Clennam (Judith Parfitt) et son domestique Mr Flintwinch semblent être mieux renseignés que les autres mais restent plus silencieux qu’une tombe sur le sujet. Mais Blandois, un notoire meurtrier français (Andy Serkis) qui fait plus froid dans le dos que Gollum va rapidement découvrir leur secret et, bien sûr, leur tirer les vers du nez, moyennant sonnantes et trébuchantes pour payer son silence…

 

Comme beaucoup de period drama, Little Dorrit brille par ses personnages secondaires. Tom Courternay, qui joue le père d’Amy, William Dorrit, joue avec beaucoup de justesse ce personnage, à demi-fou, bouffi de fierté mais aussi souffrant de sa captivité qui n’en finit pas.  Je pense à une scène très poignante en particulier à l’épisode 4 qui est peut-être le climax de sa détresse. Vraiment heart-breaking :

« What does it matter whether I eat or starve? What does it matter whether such a blighted life as mine comes to an end, now, next week, or next year? What am I worth to anyone? Oh, Amy ! If you could see me as your dear mother saw me. I was young, I was accomplished, good-looking and people sought me out, and envied me. They envied me! And yet I have some respect, here. I am not quite trodden down. Go out and ask who is the chief person in the place. They’ll tell you « it’s William Dorrit ». Go and ask who is never trifled with, and they’ll tell you « it’s William Dorrit ». Go and ask what funeral here will make more talk, yes and perhaps more grief, than any that has ever gone out at the gate. They’ll tell you « Its William Dorrit. » William Dorrit.!William Dorrit! William Dorrit! »

Il y a aussi John Chivery, le fils du gardien de la Maréchaussée, qui est très touchant en amoureux transi et qui a plusieurs scènes vraiment privilégiées pour un personnage si secondaire. Je ne connaissais pas Russell Tovey, encore un revenant venu de Being Human mais j’ai hâte de le revoir dans d’autres productions. Plus que tout, j’ai été très touchée par le personnage de Maggy, l’amie d’Amy, qui est retardée mentalement n’ayant pas évolué depuis ses dix ans à cause d’une fièvre. Elle est vraiment touchante et très bien jouée par Eve Myles qui a beaucoup de talent et qui joue son rôle avec beaucoup de justesse. Et, on retrouve avec plaisir Arthur Darvill, ce cher Rory dans Doctor Who bien que son personnage ne soit pas des plus réluisants et marquants. Any way, ça fait plaisir de revoir sa frimousse rousse.

 

En bref, autant pour son casting que pour Matthew MacFadyen, pour la BBC ou pour Dickens, ne ratez pas Little Dorrit si vous avez l’occassion de vous le procurer. Vous vous offrirez un moment bien divertissant plein de mystère, de tendresse, d’amitié et un peu d’amour… Little Dorrit est parfait pour l’été qui commence aujourd’hui.

 

Où se procurer Little Dorrit ?

 
Little Dorrit (BBC, 2008), une mini-série produite par Andrew Davies de 14 épisodes de 29 minutes, d’après le roman de Charles Dickens. Avec Claire Foy (Amy Dorrit), Matthew MacFadyen (Arthur Clennam), Tom Courtenay (William Dorrit), Judith Parfitt (Mrs Clennam),  Russell Tovey (John Chivery), Freema Agyeman (Tattycoram), Eve Myles (Maggy), Arthur Darvill (Edward « Tip » Dorrit) et Andy Serkis (Rigaud/Blandois).
 
Disponible pour EUR 26, 49 (VO uniquement)
 
 

 
 
 

Sixième contribution au mois anglais, organisé par Lou et Titine.

"Ripper Street" (BBC, 2012), avec Matthew MacFadyen

12 Juin
« What use our work… if we cannot care for those we love? »

 




Synopsis

 
Avril 1889. Six mois après les derniers crimes de Jack l’Éventreur, son ombre plane toujours sur Londres et Whitchapel, le quartier des prostituées, des juifs et des taudis où il a sévi. Pourtant, le travail de la Metropolitan Police et de l’inspecteur Edmund Reid (Matthew MacFadyen) continuent avec l’aide de l’agent Bennet Drake (Jerome Flynn), de son chirurgien américain Homer Jackson (Adam Rothenberg) et de la complicité de Long Susan qui dirige une maison close à Tender Street. La criminalité ne cesse d’augmenter et le souvenir du « Ripper » est grand, surtout lorsqu’une prostituée est retrouvée eventrée, visiblement d’après le rituel du célèbre meurtrier. Est-ce une mise en scène macabre ou le vrai signe de son retour ? 
 
Déjà dans Les Pilliers de la Terre, j’avais commencé peu à peu à me réconcilier avec Matthew MacFadyen, un acteur avec pourtant un gros potentiel mais qui, jusqu’à ce jour, ne m’avait jamais vraiment convaincue dans ses rôles, Mr Darcy inclus. Mais ça, c’était avant Ripper Street qui ne serait rien sans Matthew MacFadyen, lui qui joue l’inspecteur qui a enquêté sans succès sur l’affaire du « Ripper » et qui est torturé par la disparition de sa fille, refusant contrairement à sa femme d’en faire le deuil. Il s’est enfin trouvé un rôle à la hauteur de son talent et sa voix rauque ne peut rendre que plus crédible ce personnage brisé et pourtant forcé de continuer son travail au détriment de sa vie privée.

 

 

 

 

 

 

 

L’autre surprise de cette série, c’est de retrouver autant de bons acteurs, pour la plupart tout droit venus de Game of Thrones. Le temps d’un épisode, « The Weight on One Man’s Heart », Jerome Flynn comme acteur régulier connu pour son rôle de Bronn dans GoT est confronté à un test de loyauté quand il retrouve son ancien colonel Faulkner, joué par Iain Glenn qui joue le sexy Jorah Mormont et dont je ne me lasserai jamais de sa voix rauque.

Bref, on ne s’en lasse pas et, mise à part les têtes connues, j’ai été charmée par la personnalité haute en couleur de l’Américain de service, le « Captain » Jackson (Adam Rothenberg) qui a toutes les qualités réunies pour devenir un personnage inoubliable et attachant : ivrogne, malpropre, en cavale, locataire dans une maison close, tricheur et imbattable quand il s’agit de sauver sa peau.

L’autre atout de Ripper Street, c’est son réalisme et à quel point on frémit dans cette atmosphère putride, vicieuse et dangereuse du Londres victorien sous la menace du retour du « Ripper » qui défie non seulement la couronne, la police mais aussi la sécurité des grands comme des petites gens. Mais plus que tout, c’est le trio mal assorti de l’inspecteur Reid, de l’agent Drake et de Jackson qui donne autant de panache à cette série qui, certes, a du mal à démarrer mais qui vous mettra en haleine  jusqu’à la fin dès le troisième épisode. C’est certain, l’atmosphère est souvent sombre mais le cynisme et l’humour de Ripper Street donne à toutes ces affaires macabres un soupçon divertissant et excitant qui ne les quitte pas jusqu’au finale de la saison 1 où courriers du coeur, enlèvement de jeunes filles et proxénétisme sont au rendez-vous pour votre plus grand plaisir.

L’atout de charme parmi ce monde d’hommes est bien sûr le casting féminin qui, non seulement nous fait rentrer dans le monde sulfureux et scandaleux de la prostitution, avec Susan (Amanda Hale) pour le rôle principal mais aussi des femmes respectables comme la femme de l’inspecteur Reid, Emily dont la dévotion religieuse lui permet d’oublier son chagrin mais surtout la directrice d’un orphelinat juif, Deborah Goren qui est un personnage bluffant, tout ne profondeur et en humanité. Et, pour la fan de mode victorienne que je suis, la garde de robe de ses dames, surtout des prostituées, ne peut que me faire saliver d’envie.

Après ces huit épisodes haletants, on ne peut qu’en redemander, déçue de ne pas pouvoir en voir plus et complètement impatiente de connaitre la suite des enquêtes de l’inspecteur Reid dans la saison 2, prévue seulement en 2014.

Ripper Street (2012-…), une production de BBC One, créée par Richard Warlow en huit épisodes de 60 minutes. Avec Matthew MacFadyen (Inspecteur Edmund Reid), Jerome Flynn (Bennet Drake), Adam Rothenberg) et Amanda Hale (Long Susan).

Pour l’instant seulement disponible dans les pays anglophones pour £12.75.

Saison 2 programmée pour 2014.

 



Quatrième contribution au mois anglais organisé par Lou et Titine.

 

 

Billet rétroactif pour le rendez-vous de juillet autour de Jack the Ripper des British Mysteries chez Lou et Hilde.

Amis anglophiles, le mois anglais is coming !

28 Mai

“And let them pass, as they will too soon,

With the bean-flowers’ boon,

And the blackbird’s tune,

And May, and June! »

Robert Browning  


Vous vous en souvenez peut-être, l’an dernier en juin était célébré le jubilé de diamant de la reine Elizabeth II et cette année, hasard du calendrier, le mois de juin sera  le mois anglais, organisé par Lou et Titine ! Le principe est simple : faire de juin un mois so british en privilégiant des lectures d’auteurs anglais ou dont l’intrigue se déroule en Angleterre. En tant qu’anglophile, je ne pouvais pas rater ça !

 

Mais comme l’Angleterre regorge de talents en dehors de ses écrivains, le mois de juin ne serait pas anglais sans regarder de bons films et de bonnes séries britanniques (pourquoi pas revoir pour la dixième fois l’adaptation de North & South ou de Jane Eyre ?), flâner dans de beaux jardins à l’anglaise ou dans une expo, tester des recettes typiques (car les Anglais savent cuisiner, non mais !) ou préparer un vrai tea time ! Et si vous avez la chance de prendre le ferry ou l’Eurostar en juin, n’hésitez pas à raconter votre voyage et surtout de montrer vos plus belles photos ! Et bien sûr, ça n’inclue pas les nombreuses belles surprises que le mois anglais nous réservera !

 

 

Je ne suis pas très douée en planification comme mon dernier programme de lecture peut le rappeler, mais je vous présente tout de même mon programme de choc pour ce mois anglais, volontairement très large. Je suis bien sûr ouverte à toute lecture commune si un de mes choix vous fait envie vu que le mois anglais est fait pour être un moment de partage !

 

Coté Lecture :

 

– Les Forestiers de Thomas Hardy
– Labyrinthe de Kate Mosse
– Une chambre à soi de Virginia Woolf
– Poèmes portugais de Elizabeth Browning 
– Pierre de Lune de Wilkie Collins
– Les Confessions de Mr Harrison d’Elizabeth Gaskell

 

 



– Sépulcre de Kate Mosse
– The Importance of Being Earnest d’Oscar Wilde (Théâtre)
– Une folie meurtrière de P.D James
– Agnès Grey d’Anne Brontë
L’homme invisible de H.G Wells
– Le mystère d’Edwin Drood de Charles Dickens

 

 

 

– Villette de Charlotte Brontë
– A Study in Scarlet d’Arthur Conan Doyle
Heart of Darkness de Joseph Conrad
Dommage qu’elle soit une putain (Théâtre) de John Ford

 

 

 

 

Il y a déjà des lectures communes prévues comme :

– Le 5 juin : Les Forestiers de Thomas Hardy pour Cléanthe et Lou. Je vais essayé de participer à celle-ci, peut-être avec un autre livre plus court de Hardy comme Les contes du Wessex. 
– Le 8 juin : Dark island de Vita Sackville-West pour ElizaShelbylee et Titine
– L’affaire de Road Hill House de Kate Summerscale pour Lou, Miss LéoLisou, Val et Titine.
– Une autre histoire de Londres de Boris Johnson pour Maggie et Titine
– Un livre au choix de Barbara Pym pour Lou et Titine
– Un livre au choix d’Agatha Christie pour Enna, Karine:)Lydia et plein d’autres !

 

Coté films et séries :

– Hamlet de Kenneth Branagh
Le crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock

– Sueurs froides d’Alfred Hitchcock 
– Snatch de Guy Ritchie
– The Ghost Writer de Roman Polanski
– De grandes espérances de Mike Newell (2012)
– A Room with a view de James Ivory

– Maurice de James Ivory
– Tamara Drewe de Stephen Frears

– Les adaptations de Jane Austen que je n’ai pas encore vu : au choix Northanger Abbey, Mansfield Park (1999, 2007), Emma (1995, 2009), Sense & Sensibility (2008) et Persuasion (2007)
Upstairs, Downstairs (2010)
– Brideshead Revisited  (2008)
– Little Miss Dorrit 
– Cranford
– Ripper Street
– The Hour (2011)

Coté cuisine :

Chez Méloë, il y a une super page spécialement conçue pour les anglophiles avec entre autres plusieurs recettes de cuisine anglaises (principalement des douceurs sucrées) que je compte bien essayet en juin ! Ce qui est génial, c’est qu’elle raconte toujours un peu des anecdotes historiques sur ces recettes.La dernière en date, c’est l’Eton Mess à base de fraises, de meringue et de crème chantilly maison. Ça a l’air d’être un régal et très facile à réaliser !

Coté expos :

Pour l’instant, je n’ai qu’en vue L’ange du bizarre au musée d’Orsay mais, en cherchant plus, il doit y avoir des tas de choses à voir qui touchent de près ou de loin nos amis anglais ! Si vous avez des suggestions, je suis preneuse !

Alors, tenté(e)s ? 🙂

By the way, n’oubliez pas que vous pourrez voir Parade’s End les 7 et 14 juin sur Arte à 20h50 à l’occasion du mois anglais !

 

"Parade’s End" (2012, BBC-HBO) d’après Ford Madox Ford

27 Mai
Parade’s End, mini-série de 6 épisodes coproduite par BBC2 et HBO, diffusée en 2012 (UK) et prévue sur Arte les 7 et 14 juin 2013 à 20h50. D’après l’oeuvre de Ford Madox Ford,  scénarisée par Tom Stoppard et réalisée par Susanna White (Jane Eyre). Avec Benedict Cumberbatch, Rebecca Hall, Adelaide Clemens, Rupert Everett et Miranda Richardson.

 

Synopsis

Angleterre, 1910. A la veille de la Première guerre mondiale, « le dernier Tory » Christopher Tietjens (Benedict Cumberbatch), qui vit dans la nostalgie des valeurs traditionnelles de son enfance et de son pays, s’apprête à épouser Sylvia Satterthwaite (Rebecca Hall), une mondaine manipulatrice et volage. Sylvia n’a rien du parti idéal : socialiste, catholique et, cerise sur le gâteau, enceinte ! L’enfant qu’elle porte n’est probablement pas le sien et pourtant, par sens de l’honneur, il n’hésite pas à l’épouser pour éviter le scandale. En vain. Leur mariage battant rapidement de l’aile, Sylvia n’est sûrement pas prête à jouer les épouses parfaites et fidèles… Dans un monde où tout se sait et où les rumeurs vont bon train, la seule arme de Christopher est de sauver les apparences, « parader » au détriment de son propre bonheur. C’est sans compter l’apparition de Valentine Wannop (Adelaide Clemens), une jeune suffragette, qui va lui donner envie d’espérer à une autre vie. Christopher osera t-il aller à l’encontre de ses principes en commettant l’adultère et en s’exposant aux commérages? Et que restera t-il de ce triangle amoureux après l’expérience et le traumatisme de la guerre ?

Mon absence a été honteusement longue sur La Bouteille à la Mer (près de deux mois, n’arrangeant pas la santé de mon rendez-vous Un mois, un extrait qui a pris sacrément du retard) ce qui ne m’a pas empêchée de faire de belles découvertes (principalement en séries TV) pour respirer un peu face à la masse de boulot. En bref, je suis tombée définitivement sous le charme de Once Upon a Time (et, accessoirement du Captain Hook et encore plus dans le final de la saison 2), je me suis extasiée devant la beauté des costumes de Paradise (2012), l’adaptation très librement inspirée de Au Bonheur des Damesde Zola et j’ai frissonné devant le suspens de Paradox (2009), une excellente série britannique (pléonasme?) qui, allez savoir pourquoi, n’a pas été renouvelée pour une deuxième saison ! (dé-gou-tée ? Rien qu’un peu.) Je compte vous parler des deux dernières séries très vite puisque je suis déjà en vacances.

 

         Un billet est aussi en préparation sur le premier roman de Virginia Woolf, La traversée des apparences (The Voyage Out), pour ma seconde participation au challenge qui lui est consacrée chez Lou et je dois dire que ça a été un véritable coup de cœur. Le problème, c’est que je l’ai fini il y a près d’un mois et qu’il va falloir que je m’y replonge un petit peu ce qui n’est pas pour me déplaire.

 

 

Place maintenant à Parade’s Endoù j’ai pu retrouver avec plaisir le brio, la sensibilité et la sensualité du travail de la réalisatrice de la meilleure adaptation (selon moi) de Jane EyreSusanna White, mais surtout, pour être honnête, la voix profonde de basse de Benedict Cumberbatch qui m’avait manquée depuis SherlockJ’ai pu d’autant plus en profiter que j’ai eu la chance de voir cette mini-série en VO avant qu’elle soit diffusée en France, ce qui sera justement le cas sur Arte les 7 et 14 juin prochains (en VOSTFR et non en VF, je l’espère). D’ailleurs, rien que la voix si particulière et le charisme de Benedict Cumberbatch rendent l’immersion dans la gentry anglaise presque naturelle, preuve que ce rôle lui va comme un gant.

Le personnage de Christopher est très difficile à cerner et pourtant, il n’est pas du tout antipathique. On sent pourquoi il peut déstabiliser tous ceux qui l’entourent, et au premier chef sa propre femme qui ne supporte plus de vivre avec un homme si froid, si lisse et si imperturbable. Déjà en Sherlock, Benedict Cumberbatch avait réussi grâce à un jeu subtil à transmettre des émotions très variées derrière le mur de froideur que son personnage avait posé entre lui et ses congénères. Christopher n’est pas à proprement parlé un sociopathe mais seulement un personnage littéralement perdu dans un monde qu’il ne reconnaît pas comme le sien. Il doit faire face au décalage entre son système de valeurs et les changements autant idéologiques que personnels de son temps, sans parler de la guerre qui va briser littéralement encore plus son univers.

Sylvia Satterthwaite (Rebecca Hall)

Tout ce qu’il vit, tous ceux qu’il rencontre sont déformés par ce décalage et tiraillé comme il est entre deux femmes et entre deux vies possibles, le leitmotiv du prisme et du miroir de poche cassé de Sylvia qu’elle conserve précieusement rendent bien à l’image ce thème récurrent du tiraillement et d’un monde complètement incohérent, comme éclaté, fracturé aux yeux de Christopher.  

Étrangement, même snob, Christopher dissimule une grande sensibilité et les passages avec son fils sont très touchants, lui qui le traite comme son propre fils malgré les doutes sur sa paternité. Tout ce sentimentalisme est tourné autour de deux personnages : le cèdre centenaire à Groby Hall dans le Yorkshire où il a passé son enfance et Valentine Wannop, la suffragette, excellemment interprétée par Adelaide Clemens. Comparer une jolie fille à un arbre peut paraître étrange et pourtant, il ‘agit encore d’un autre tiraillement entre la nostalgie de son passé et le désir qu’il a pour cette jeune fille intelligente et passionnée, tournée vers l’avenir. On pourrait croire que le motif du triangle amoureux est tellement éculé que la série ne peut produire à partir de ça rien de très original. Pourtant, la relation entre Christopher et Valentine peine à sortir du flirt platonique pour mieux nous faire entrer dans le monde des fantasmes, des occasions manquées et des allusions voilées.

 

Le personnage de Sylvia, interprétée par Rebecca Hall, n’est pas un rôle facile et elle est peut-être celle qui stagne le plus, qui reste pareille à elle-même, étrangement cohérente, parmi des personnages comme Christopher ou Valentine qui évoluent beaucoup. Ça ne veut pas dire que son personnage n’a pas la même profondeur et les mêmes nuances de caractère que les autres mais, sans être une garce, j’ai eu beaucoup de mal à m’identifier à elle et à plaindre sa souffrance dans ce mariage malheureux. Pur spécimen de la femme mondaine et changeante, elle passe facilement de la colère, voire du cynisme, à la séduction sans jamais se remettre en question. Même quand elle essaye de se rendre digne de son mari, elle ne peut pas s’empêcher de retourner à ses vieux amours et à ses vieux démons : l’hystérie, le mensonge et finalement la manipulation. 

 

 

La place de la guerre dans cette série est plutôt originale : elle n’est pas reléguée au profit de l’intrigue sentimentale. Elle en est au contraire un des ressorts car de la survie de Christopher dépend le dénouement heureux ou malheureux de ce triangle amoureux. Grâce à l’intervention de son frère Mark (Rupert Everett), Christopher est assez bien protégé de l’enfer des tranchées avant d’y être envoyé à cause d’une faute disciplinaire contre le général en personne. A coté du réalisme de la vie dans les tranchées, on est confronté aussi à son traumatisme au travers d’un personnage secondaire qui m’a beaucoup marqué qu’on voit pourtant très peu. Il s’agit du colonel Bill Williams, le commandant de bataillon dans les tranchées à la limite de la démence que Christopher sert comme second. Il y a une scène fabuleuse où le colonel traverse tranquillement le no man’s land pour lancer une grenade directement dans la tranchée adverse au risque de se faire canarder. La performance de Steven Robertson est juste exceptionnelle à la hauteur de son rôle de Michael Connolly, un jeune homme souffrant d’un handicap moteur et cérébral dans Inside I’m dancing avec James McAvoy. 

 

En définitive, Parade’s Endest encore une réussite pour la BBC et HBO en traitant avec intelligence à la fois des bouleversements de la société edwardienne, de la guerre et des aspirations individuelles. Le casting est parfait, surtout mené par le charisme de Benedict Cumberbatch au talent plus que confirmé et de belles découvertes comme Adelaide Clemens que j’ai pu brièvement retrouver hier en salle dans The Great Gatsbyde Baz Luhrmann. J’ai d’ailleurs hâte de vous parler de cette adaptation du roman de F.S Fitzgerald. Je ne sais pas si j’aurais l’occasion de lire le roman original de Ford Madox Ford dont Parade’s End est l’adaptation mais j’ai bien envie de découvrir cet auteur très vite par un autre roman. Si vous avez déjà lu Ford Madox Ford et que vous avez des suggestions, je suis preneuse !

En attendant la diffusion de Parade’s End les 7 et 14 juin 2013 à 20h50 sur Arte, voici en extrait mon passage préféré, tout en poésie et en sensualité. On a tout de suite étrangement envie de se perdre dans le brouillard anglais…

 

Où se procurer Parade’s End (2012-2013 – BBC/HBO) ?

Sachez que Parade’s End est déjà disponible en DVD pour EUR 19, 99. Attention ! Il s’agit de la version anglaise du DVD : il n’y aura donc que la VO et des sous-titres seulement en anglais, sans sous-titres français.
Je crois que le roman Parade’s End n’est plus disponible en français mais vous pouvez vous le procurer en  anglais pour EUR 9, 36.
Vous pouvez aussi consulter le dossier de presse d’Arte consacré à cette mini-série. (avec une belle faute de frappe sur le nom de Benedict Cumberbatch…)

"Les Piliers de la Terre" (2010), une mini série d’après le roman de Ken Follett

6 Mar
Les Piliers de la Terre (The Pillars of the Earth – 2010), une mini-série de huit épisodes d’après le roman éponyme de Ken FOLLETT. Produit par Ridley Scott. Avec Ian McShane (Waleran Bigod), Rufus Sewell (Tom le Bâtisseur), Matthew MacFadyen (Prieur Philip), Eddie Reydmayne (Jack Jackson), Hayley Atwell (Aliena) et Natalia Worner (Ellen).

Synopsis


Dans l’Angleterre du XIIème siècle, le royaume vit une heure charnière où la grande Histoire autant que plusieurs histoires individuelles, nourries d’ambition, de gloire, de rêve, de piété et d’amour, sont en marche et risquent de changer le monde obscur et sans perspective que les protagonistes connaissent. L’essentiel de l’action se déroule à Kingsbridge, un village fictif, où voit le jour un projet de construction initiée par le prieur Philip et d’après l’oeuvre visionnaire de Tom dit « Le Bâtisseur » qui rêve de construire une cathédrale, grandiose et à la gloire de Dieu, De cette cathédrale naîtra l’art gothique… à moins que des obstacles insurmontables n’en bloquent l’achèvement, manigancés par l’ambitieux et machiavélique Waleran, un homme d’Eglise sans foi ni loi. 

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas une série de la BBC que je vous présente à l’instar de North & South ou de Robin des Bois mais, à l’image de cette dernière, je semble avoir élu domicile au Moyen-Age ces derniers temps. Pas de hors-la-loi cette fois-ci dans Les Piliers de la Terre mais une aventure humaine mêlant fiction et Histoire (comme on les aime !) qui aboutie à quelque chose de très réaliste grâce au jeu impeccable des acteurs. Le royaume d’Angleterre est à la fois présenté vu d’en-haut à la cour où les intrigues royales et les rivalités entre seigneurs pour conserver ou gagner le pouvoir ou un titre vont bon train mais surtout par le bas, parmi les petites gens: de modestes moines loin de la pompe ecclésiastique, un bâtisseur et sa famille, une guérisseuse et son fils doué de ses mains mais timide et taciturne,une vie simple marquée par les foires, les pèlerinages et les marchés provinciaux.

On suit en même temps plusieurs intrigues dans différents lieux qui finissent par toutes se rejoindre. Vous allez me dire : on ne s’y perd pas ? Pas du tout car dès le début, le spectateur est pris par la main et peut mieux visualiser l’ensemble grâce à une carte interactive qui apparaît à chaque fois que le lieu change. C’est très pratique et bien pensé et, étant une amoureuse des vieilles cartes, ça n’a pu que me plaire.

Statue de Ken Follett

Cette série est l’adaptation du roman du même nom de Ken Follett (qui fait une petite apparition en caméo dans l’épisode 7 en plus d’être l’un des scénaristes de la série) et sa suite, Un monde sans fin a aussi été adaptée cette année. Sans l’avoir lu, on sent que ça doit être une oeuvre très dense inspirée par la fascination de l’auteur pour les cathédrales, du savoir-faire des bâtisseurs au Moyen-Age, de leurs voyages aux quatre coins de l’Europe pour perfectionner leur art et, surtout de leur patience et, quelque part, leur sacrifice, d’attendre parfois des siècles pour achever une cathédrale, sans pouvoir la voir de leurs propres yeux.

Tom le Bâtisseur (Rufus Sewell)

Autant le livre que la série sont faites pour les amoureux d’architecture et particulièrement de l’art gothique. Ken Follett s’est inspiré à la fois de la cathédrale de Wells et de celle de Salisbury pour imaginer la cathédrale de Kingsbridge. On suit deux générations de bâtisseurs : Tom (Rufus Sewell) qui en a le rêve fasciné par les effets de lumière dans une cathédrale qui a en tête un projet moins ambitieux que son continuateur et disciple, Jack Jackson (Eddie Redmayne), parfaisant ses talents auprès d’autres maîtres en voyage en France sur le chantier de la cathédrale de Saint-Denis. Il y apprendra le secret des croisées d’ogives pour construire non pas une voûte en bois mais en pierre sans déséquilibrer la base grâce aux connaissances dans la géométrie d’Euclide apprises en France (en Espagne dans le livre).

Jack Jackson (Eddie Redmayne)
Toutefois, avec le joli minois de Jack, l’architecture n’est pas le seul intérêt de cette série où l’on suit autant la construction de la cathédrale que l’évolution des relations entre certains personnages, dictés par le désir et l’amour. Jack s’éprend rapidement de la fille d’un comte, bientôt déchu, Aliena de Shiring (Hayley Atwell) mais, à cause de sa timidité et de nombreux obstacles (notamment plusieurs rivaux…), leur relation patauge un peu ce qui la rend d’autant plus intéressante qu’on est autant dans l’inconnu que Jack sur les vrais sentiments d’Aliena à son égard. 
Aliena (Hayley Atwell)
Il faut dire que les choses de l’amour, ça ne l’intéresse pas beaucoup puisqu’elle est hantée par une mission : celle de venger son père et de retrouver pour son frère les droits et titres du comté de Shiring volés par une famille ambitieuse, les Hamleigh. Ainsi, même si la romance est au coeur de cette série autant que certaines scènes d’action (des batailles pour la plupart), rien n’est joué d’avance, rien ne dit que le dénouement sera celui que le spectateur attend ce qui nous met en haleine durant ces huit épisodes. 
Prieur Philip (Matthew MacFadyen)
Comme je l’ai dit plus haut, je suis très admirative du jeu des acteurs. Matthew MacFadyen (Prieur Philip) est beaucoup plus convainquant dans son rôle d’un moine, puis d’un prieur honnête mais fin politique pour mener à bien son projet de cathédrale, beaucoup plus dans d’autres de ces films comme Joyeuses funérailles (et même, dans Orgueil et préjugés…) par exemple où il m’avait un peu déçue en surjouant un peu ses émotions. C’est un rôle sobre mais il arrive à faire dégager de son personnage une grande force et beaucoup de charisme.. 
Waleran (Ian McShane)
Le casting jongle à la fois entre des talents confirmés et de sympathiques découvertes et je suis assez conquise par ce choix-là étant donné que les deux acteurs qui m’ont le plus marqué dans leur personnalité y correspond. Le personnage de Waleran, joué par Ian McShane, est pour le moins odieux : pourri jusqu’à la moelle, il est ambitieux, intrigant, manipulateur et cruel. Toutes les qualités en somme pour en faire un parfait ecclésiastique… Seul petit bémol: son personnage est tout ce qu’il y a de plus manichéen mais là où il aurait pu être ridicule sous les traits d’un autre acteur, le talent indéniable de Ian McShane le rend plus profond et plus crédible même dans ses excès de machiavélisme. 
Ellen (Natalia Worner)
Pour contrebalancer, le personnage d’Ellen, une guérisseuse et la mère de Jack Jackson, est un personnage certes plus en retrait que le plupart mais avec une personnalité bien marquée qui rend son personnage l’un des plus intéressants de la série. Jouée par une actrice allemande plutôt sexy Natalia Worner, Ellen est une femme des plus modernes dans e monde médiéval : anti-conventionnelle, à la féminité décomplexée, c’est un personnage haut en couleur d’autant plus qu’elle est le clé d’un secret qui pourrait bien faire pencher la balance en faveur des justes. En règle générale, les personnages féminins ne sont pas du tout caricaturaux dans cette série : elles sont des femmes de tête et elles ne se laissent pas dictées leur conduite par n’importe qui. 

 

Petit clin d’oeil historique et littéraire, l’intrigue m’a beaucoup fait pensé à la pièce de théâtre de T.S Eliott Murder in the cathedral sur la rivalité entre le pouvoir temporel et spirituel, entre le royaume et l’Eglise autour du meurtre véridique en 1170 de Thomas Beckett, l’archevêque de Canterbury dans sa propre cathédrale. Cela intensifie le brouillage qu’il y a dans cette série (et visiblement dans le livre) entre l’Histoire et la fiction.

 

 

Quant à la suite de cette série, Un monde sans fin qui, à défaut de voir revenir les mêmes personnages met en scène leurs descendants au XIVème siècle, je vous la conseille tout autant ! Même si j’ai eu du mal à accrocher dès le début (dur d’abandonner des personnages qu’on a aimé pendant huit épisodes), elle a gagné en intérêt au fil des épisodes même si elle est nettement plus sombre que la première série. Il faut dire qu’on est en pleine guerre de Cent Ans et que la ville et les habitants de Kingsbridge n’ont pas du tout les faveurs du pouvoir…

 

Où se procurer Les Piliers de la Terre

  • La série est disponible en DVD au prix de EUR 15, 70 sur Amazon
  • Si la série vous a conquise comme moi, vous pouvez aussi vous procurer le roman de Ken Follett dont il est l’adaptation pour EUR 10, 64 en Livre de poche.

"Trois enquêtes du père Brown" de G.K Chesterton

17 Fév

« Le docteur regarda le nouveau venu avec un ahurissement à peine déguisé, comme s’il se fût trouvé en présence d’un monstre marin, mais évidemment inoffensif. (…) Son chapeau tomba sur la tapis, son encombrant parapluie glissa entre ses genoux avec un bruit mat ; il parvint à reprendre le premier et suivit l’autre des yeux, puis avec un indéfinissable sourire, il dit :

– Mon nom est Brown. »

L’intrigue


Mieux connu outre-manche qu’en France, le père Brown est un personnage atypique dans le genre policier. Ce n’est ni un homme de métier, ni un détective privé, ni un détective consultant mais un prêtre catholique qui, avec la force de son esprit déductif, de ses talents d’observation et de sa perspicacité, résout une série d’enquêtes au fil des ses voyages de courte, moyenne ou longue distance. Ainsi, au cours de ces « trois enquêtes » (sur les cinquante-huit nouvelles écrites par G.K Chesterton), on le retrouve dans sa propre paroisse pour aider une de ses ouailles (« L’absence de Mr Glass »), puis non loin des Cornouailles pour résoudre une étrange affaire de naufrages à répétition (« Les naufragés des Pendragon ») et enfin en Italie, des voleurs de grand chemin sur son passage où le danger n’est pas loin ! (« Le paradis des voleurs »)
Statue de C.S Lewis (Dublin)
Alors que je m’étais fait un beau programme de lecture (avec possibilité de Lectures Communes), j’ai dû m’absenter d’ici pour un mois le temps de travailler à fond pour mon mémoire sur C.S Lewis dont je devais rendre le plan à mon directeur de recherche. Autant dire que ça n’a pas été de tout repos et, même rendu, j’y travaille encore… Je vous reviens cependant avec Trois enquêtes du père Brown qui regroupe trois intrigues policières sous la forme de courtes nouvelles. Vous connaissez peut-être son auteur de nom : Gilbert Keith Chesterton (1874-1936). Personnellement, c’est grâce à C.S Lewis que j’en suis venue à le connaître et à le lire en tant qu’il le considère comme un de ses maîtres avec George MacDonald que je compte aussi découvrir très bientôt et, a fortiori, vous en parler.

 

L’énigme première de cette série de nouvelles policières, c’est bien sûr l’identité de son personnage éponyme. Que vient faire un prêtre catholique sous la peau d’un détective amateur, jurant ainsi avec les sacro-saints codes du polar ? Bien sûr, on pourrait l’interpréter dans une visée parodique qui ridiculiserait le genre, ses mécanismes mais, n’ayant pas une grande expérience des polars (sauf ma lecture du Grand Sommeilde Chandler et une lecture en cours de mon premier Sherlock Holmes, A Study in Scarlet), je n’en ai pas été frappée. Au contraire, je dirais que la place prépondérante des énigmes à résoudre en absence de meurtres à proprement parlé met en valeur le genre puisque Chesterton en a gardé l’essence même. Que serait un roman policier sans ces énigmes qui travaillent le lecteur autant que les protagonistes ? Ces Trois enquêtes du père Brown conservent donc cet aspect cérébral même si, bien sûr, vu le format de la nouvelle, les énigmes ne peuvent pas être déployées comme dans un roman. Bien sûr, la parodie pourrait attaquer cet aspect même en laissant entendre que les romans policiers sont peut-être quedes énigmes où les histoires plus ou moins macabres, les cadavres et la recherche du meurtrier ne serait qu’un bon prétexte pour faire chauffer ses neurones.
G.K CHESTERTON
Par contre, si parodie il y a, le père Brown n’est jamais ridiculisé. Certes, il jure un peu avec le paysage habituel (rien que par le fait qu’il soit catholique parmi des anglicans ou des personnages non-croyants), il suscite toujours l’étonnement mais, il reste le héros de cinquante-huit nouvelles dont j’ai pu en lire un aperçu avec ces trois-là. Pour mieux comprendre le choix bien réfléchi de ce personnage en soutane, toujours affublé de son chapeau et de son parapluie (même en Italie!), il faut connaître un minimum d’informations à propos de G.K Chesterton. Comme C.S Lewis, Chesterton a plusieurs flèches à son arc : « homme d’un génie colossal »selon George Bernard Shaw (son ami-ennemi), journaliste, poète, biographe (de Robert Browning, Dickens, William Blake, Stevenson entre autres). Mais, c’est aussi et surtout un converti au catholicisme et, comme Lewis, il « s’engage » dans une apologétique du christianisme. Quoi de plus normal, dès lors, de voir ce prêtre sous sa plume surtout inspiré par sa rencontre avec un prêtre catholique, le père John O’Connor, un curé du Yorkshire qui a participé à sa conversion.
Tom Branson (Allen Leech – Downton Abbey)
Pour ceux qui auraient peur de voir dans ses enquêtes « un message chrétien » trop marqué, je dirais que ces trois enquêtes n’en font pas du tout cas. C’est une façon ludique de faire connaissance avec ce personnage atypique avec un plaisir de lecture certain pour un trajet aller-retour en train comme moi par exemple. Le père Brown est particulièrement attachant et ces nouvelles pleines d’humour y sont bien sûr pour quelque chose. Je pense que des questions plus sérieuses, comme par exemple la « cohabitation » entre catholiques et anglicans en Angleterre dans les années 20, doivent être développées dans les nombreuses autres enquêtes. Les amoureux de Downton Abbeyqui ont apprécié les crêpages de chignon entre Tom Branson (« le chauffeur ») et le comte de Grantham ne devraient pas être dépaysés.

 

C’est d’ailleurs le seul reproche que je pourrais faire à ces Trois enquêtes du père Brown : je suis un peu restée sur ma faim. Forcément, avec cette petite sélection de trois nouvelles sur cinquante-huit, on manque l’unité de la série créée par Chesterton et, malgré le brio des intrigues, on aurait envie d’en savoir plus sur ce père Brown, sur ses habitudes, sa personnalité. C’est pour ça que dès que possible, j’espère bien en lire l’intégrale (malheureusement un peu chère) ou du moins une sélection plus large comme La sagesse du père Brown et Le secret du père Brown.

 

A noter : BBC One a diffusé en janvier une série Father Brown avec Mark Williams, Arthur Weasley dans les Harry Potter), dans le rôle principal. Le succès a été tel qu’une suite est prévue et vous pouvez voir le premier épisode et suivants (sous-titrés en anglais) sur Youtube ici :


Où se le procurer ?

  • Trois enquêtes du père Brown est disponible en Folio pour EUR 1, 90.
  • Vous pouvez aussi continuer à suivre les aventures du père Brown dans Le secret du père Brown pour EUR 1, 95 et dans La sagesse du père Brown pour EUR 5, 66.
  • G.K Chesterton est aussi très connu pour son roman Le nommé Jeudi : un cauchemar, un thriller métaphysique à mi-chemin entre Lewis Carroll, Kafka et Borges pour EUR 8, 69.

 




Lu dans le cadre du challenge Thrillers & Polars de Liliba.

"Robin des Bois" (2006 – BBC) – Saison 1

20 Jan

Robin Hood (BBC) – Jonas Armstrong (Robin de Locksley)

Robin des Bois (2006), créée par Dominic Minghella & Fox Allan diffusée sur BBC One avec 3 saisons et 39 épisodes, arrêtée en 2009. Format de 45 min. Avec Jonas Armstrong (Robin), Lucy Griffiths (Marianne), le magnifique Richard Armitage (Guy de Gisborne) et Keith Allen (le shérif de Nottingham).


Synopsis

 
Revenu des croisades avec son fidèle serviteur Much, Robin de Locksley est de retour dans le comté de Nottingham où il y découvre bien des changements. Marianne, qu’il avait délaissé pour conquérir la gloire en Terre Sainte, ne semble plus aussi sensible à ses charmes et la place de soupirant est déjà occupée par le bras-droit du nouveau shérif de Nottingham, Guy de Gisborne. Cruel et machiavélique, le shérif surtaxe les habitants de Nottingham et de toutes les contrées alentour et il use de tous les moyens pour faire régner l’injustice et la corruption. Une seule solution : entrer en résistance en devenant hors-la-loi au coté d’une bande de marginaux dénommés Petit Jean, Alan de Dale, Will Scarlet et bientôt Djaq, une Sarrasine  quitter ses terres pour vivre dans la forêt de Sherwood et surtout détrousser le shérif pour le compte des pauvres ! Toutefois, on se défie pas le shérif et Guy de Gisborne sans conséquences et les représailles ne tardent pas à tomber sur Robin et ses amis, jusqu’à même toucher la belle Marianne…

 

Cet été, j’ai découvert cette série produite par la BBC (forcément, ça commence bien!) en premier lieu parce que je savais que Toby Stephens,Edward Rochester dans l’adaptation de Jane Eyre (BBC) et dont le jeu m’avait beaucoup impressionnée, allait jouer le rôle du Prince Jean. Toutefois, il fallait attendre la troisième saison et avant ça, apprécier cette série qui ne s’annonçait pas très originale. Après tout, on connaît tous la légende de Robin des Bois et on ne s’attend pas à beaucoup de surprises. C’était mal connaître la BBC qui offre ici une série haute en couleur, pleine d’humour, d’émotion et avec des personnages plus que surprenants !

 

Sans parler de ma découverte majeure dans cette série : Richard Armitage !
Déjà, je ne m’attendais pas à des personnages aussi caractérisés. Robin des Bois a beau être le héros éponyme de la série, il n’est pas le seul à la porter à bout de bras. Ce n’est pas faute d’avoir choisi un très bon acteur, Jonas Armstrong que j’aimerais revoir plus souvent sur les écrans. Il rend son personnage aussi attachant qu’expressif. Il n’est pas seulement présenté comme un justicier mais aussi d’emblée, dès la première saison, comme un personnage plus complexe qu’on n’aurait pu s’attendre. Dans l’un de mes épisodes préférés, l’épisode 8 « Un tatouage compromettant » (Tattoo ? What Tattoo ?), il est hors de lui-même, en état de rage et prêt à faire justice lui-même et à tuer Guy de Gisborne de ses mains (alors qu’après les croisades, il devient pacifiste) étant donné qu’il a la preuve irréfutable que son rival a commis un acte de trahison envers le roi Richard.

 

L’une des autres surprises du scénario, c’est la personnalité de Marianne (Lucy Griffiths). Ce n’est pas une potiche, ni même une amoureuse transie. Au contraire, sa féminité ne lui empêche pas d’être aussi courageuse que les hommes en prenant conscience des injustices que le shérif commet contre les habitants de Locksley et de Nottingham. Elle joue à la fois les agents doubles en espionnant le shérif et sir Guy de Gisborne tout en renseignant l’autre camp pour le compte de Robin au point de se mettre en grande difficulté. Elle sera châtiée dans l’épisode 4 « L’enfant trouvé » (Parent Hood) pour avoir bravé l’autorité du shérif en voulant nourrir un village mis en quarantaine alors que le shérif avait interdit de les aider. C’est sans parler de sa situation délicate dans l’épisode 7 « Question de loyauté » (A Thing Or Two About Loyaulty) quand Guy doute tellement de sa loyauté qu’elle sera bien obligée de répondre à ses avances en acceptant de l’épouser… sauf empêchement majeur ce que Robin va s’empresser d organiser. 

 

L’une des revanches que prend Marianne, et qui rend plu qu’intéressant son personnage, c’est qu’elle agit dans le plus grand secret et masquée sous les traits du veilleur de nuit en représentant une autre force de résistance contre le shérif au même titre que la bande d’hors-la-loi que forment Robin et ses amis.

« Marian: The truth? The truth is, this country is being choked to death. The truth is, honest people are being forced to lie and cheat and steal. » 

 

(Saison 1, épisode 7 : « Le prix de la trahison » – Brothers in Arms).

 

 

Impossible de s’ennuyer grâce aux personnages qui campent les « méchants » de la série et tout particulièrement le shérif de Nottingham ! Keith Allen est sûrement l’atout le plus grand de la saison 1 à quel point il est excellent, vicieux et cynique ! Il semble exulter à chaque fois qu’il dit, comme un tic de langage, « Clue : no » (Réponse : non) et on ne peut que rire à chaque fois qu’il répète à Gisborne que les femmes ne sont que la lèpre (« Lepers, Gisborne. …Lepers…. »). On se rappelle tou(te)s l’effet qu’a pu nous faire Alan Rickman dans le même rôle au cinéma dans les années 90 et pourtant, je trouve Keith Allan encore meilleur. Il est peut-être le seul personnage dans la série qui soit complètement manichéen. Jamais un soupçon de bonté ne l’effleure et, pourtant, il reste extrêmement intéressant dans son vice absolu. Il représente le pouvoir absolu et arbitraire ce qui rend les possibilités de son personnage sans limite. Je me souviens particulièrement de l’épisode 10, « La paix ? Que nenni ! » (Peace ? Off !), où il n’hésite pas à revirer au point de s’allier avec Robin le temps d’une journée pour sauver sa peau. Ainsi, il est aussi détestable que drôle grâce à de ses répliques cinglantes qui coupe court toute conversation et aux coups qu’il donne à n’importe qui à portée quand il est furieux. Il n’est jamais ridicule sauf peut-être quand il se sent en danger ou qu’il est effectivement ridiculisé par Robin et ses amis en étant par exemple suspendu par les pieds comme un vulgaire porc.
Même son conflit avec Robin n’est pas caricatural : certes, les victoires de Robin sont plus nombreuses (après tout, un héros toujours perdant, ce n’est pas très vendeur!) mais il n’en est pas moins mis en danger quand le shérif use de tous les moyens pour le faire tomber comme la trahison, le chantage, la dissimulation et même en retournant l’opinion des villageois contre lui pour en faire un indésirable.

 

Bien sûr, parmi la gente méchante de cette saison, on ne peut passer à coté de sir Guy de Gisborne interprété par Richard Armitage. Contrairement au shérif, il ne s’agit pas d’un personnage unilatéral, seulement guidé par le mal : il a encore de multiples facettes et sa personnalité sera de plus en plus développée au fil des saisons. L’ambiguïté de sa personnalité est à peine visible tellement il est compromis par le shérif en étant son bras-droit, en vérité en exécutant les viles besognes pour lui.

 

Toutefois, c’est sa soif de reconnaissance qui le pousse à choisir les moyens les plus durs pour parvenir à ses fins. Souvent abaissé et brimé par le shérif, qui n’hésite pas à le manipuler et ne pas le soutenir dans ses affaires personnelles, il développe un prix paradoxal pour la loyauté et une intense soif de vengeance quand il soupçonne quelqu’un de l’avoir trahi. Toutefois, ce sont ses sentiments qui rendent sa personnalité plus complexe. Même Marianne admet que ses sentiments à son égard sont sincères ce qui met Guy dans une situation de faiblesse tout en le rendant plus humain que le shérif par exemple. Dans le dernier épisode, l’épisode 13 « Audience royale » (Clue : no !) , il déclare clairement que l’alliance qu’il souhaite avec Marianne est là pour le laver de son passé et c’est effectivement le fait qu’il ait un passé (qu’on découvrira notamment dans la troisième saison) qui le rend des plus intrigant et, paradoxalement, charmant.

 

En définitive, cette première saison a beaucoup de qualité en donnant assez de matière pour situer l’intrigue et comprendre la complexité de ses personnages et de leurs situations. Il n’y a pas à proprement parler de personnages secondaires mais chacun vise à être de plus en plus développe dans les prochaines saisons. D’ailleurs, qu’est-ce qu’en guise de teasing, pourrait vous donner envie de voir cette seconde saison ? C’est peut-être la plus intense en émotions et je pense notamment au final de la saison 2 ! Chaque personnage est en grand danger étant donné que le shérif ne recule devant rien pour semer d’embûches les missions de Robin et sa bande pour faire régner la justice. Et, dans cette saison, la dissidence touche même la bande de Robin puisqu’il y a un traître dans ses rangs…

 

Où se procurer la saison 1 de Robin des Bois (BBC) ?

La première saison des aventures de Robin des Bois se trouve sur Amazon au prix de EUR 15, 99.

Et si cette saison vous enthousiaste autant que moi, la saison 2 est à portée de main pour EUR 15, 80

"L’abîme" de Charles Dickens et W. Wilkie Collins

4 Jan

Le parc « Dickens World » à Chatham (Kent) – © electropod (Flickr)

«Jadis les enfants y étaient reçus sans enquête. Un trou pratiqué dans la muraille s’ouvrait et se refermait discrètement. Il n’en est plus ainsi aujourd’hui. On prend des informations sur les pauvres petits hôtes, on les reçoit par faveur des mains de leurs mères. Ces malheureuses mères doivent renoncer à les revoir, à les réclamer même, et cela pour jamais ! »

 

L’intrigue 


Londres, 1835. Walter Wilding n’est pas un vulgaire bourgeois comme les autres, négociant en vin de son état. Avant de mener une vie aisée après avoir hérité d’une belle fortune à la mort de sa mère, il était un de ces « enfants trouvés », abandonné par sa mère biologique avant même d’avoir été baptisé. Cette belle ascension sociale n’est pas sans conséquence : derrière sa véritable identité se cache un mystère. Le vrai Walter Wilding n’est peut-être pas celui que l’on croit et vu l’argent mis en jeu, ça ne va pas attirer que des enfants de cœur. Tous les personnages deviennent suspects et on en croise un certaine nombre : son associé George Vendale en amoureux transi, Joey un employé qui joue les oiseaux de malheur ou un étrange personnage suisse au nom romanesque, Obenreiser… 

 

           L’époque victorienne est une période qui me passionne, même quand il s’agit de romans néo-victoriens comme ceux de Michel Faber alors quand on a dans les mains un roman écrit à quatre mains par deux maîtres de l’époque, Charles Dickens et William Wilkie Collins comme L’abîme (ou Voie sans issue selon les éditions), on ne peut qu’être ravie. Dans ces conditions, on a toujours tendance à vouloir décrypter le roman en repérant le style d’écriture de chacun d’eux, la part de Dickens et celle de Wilkie Collins. C’est un réflexe que j’ai eu malgré moi au début de ma lecture mais par paresse peut-être et surtout faute de connaître à la perfection leur univers respectif et leurs thèmes récurrents, j’ai préféré laisser de coté cette idée. Après tout, on en rate peut-être aussi l’unité et à quel point une telle œuvre doit être concertée, discutée, réfléchie.
Charles Dickens dans Doctor Who (2005)
« The Unquiet dead » (Saison 1)
             Je préfère voir L’abîme comme un roman hybride, un peu étrange notamment dans sa forme. Chaque chapitre fait référence au monde du théâtre : « ouverture », « le rideau se lève », l’entrée ou la sortie de tel personnage. Pourtant, L’abîme a tout d’un roman presque traditionnel avec un jeu sur les éléments romanesques de l’intrigue – à la limite du vraisemblable – rendu possible par des scènes de rencontre ou de reconnaissance ce qui explique la place accordée au monde de l’orphelinat et au mystère qui entoure l’identité de certains personnages. Tout s’explique quand on sait que No Thoroughfare a aussi été une pièce de théâtre, « a drama, in Five Acts », écrite la même année pour Noël 1867 avec la même intrigue sans différence notoire.

 

Gravure sur bois de Louis Lequel © Philip V. Allingham
               De cet univers de la scène, L’abîme en retient certains éléments comme les coups de théâtre autour notamment de la véritable identité de celui qui est appelé Walter Wilding, les personnages qui répondent souvent à des « caractères » ou des types comme la « mère coupable », le bourgeois ou la pupille Marguerite, parfaite Rosine du Le Barbier de Séville à l’époque victorienne. Je pense qu’il y a beaucoup d’ironie de la part de Dickens et Wilkie Collins dans ces personnages un peu caricaturaux qui ont la larme facile, le cœur sur la main ou l’obsession du meurtre. Le voyage final en Suisse a quelque chose aussi de parodique avec son traitement très romantique de l’univers montagnard à la fois exalté et redouté pour le danger que les montagnes et ses « abîmes » représentent. L’abîme est avant tout un drame mais on rit aux dépends des personnages de leurs excès, eux qui posent beaucoup, et du manichéisme poussé à l’extrême. Bien sûr, certains personnages sortent du lot comme Joey, plus attendrissant qu’agaçant pour sa simplicité et ses superstitions ou Marguerite, pratiquement seul personnage féminin, présentée au début comme « une faible femme » qui s’affirme de plus en plus jusqu’au moment crucial.
William Wilkie Collins
Autant L’abîme, quoique cette traduction du titre laisse un peu à désirer, que Voie sans issue insistent bien sur cet aspect dramatique et pourtant, ce que je retiens particulièrement de ce roman, c’est la place importante qu’occupe l’énigme, le mystère à tel point que le lecteur est invité à être aussi perspicace que devant un roman policier qui est après tout le grand genre de Wilkie Collins. On ne sait plus qui est qui, qui trahit qui et même si je ne considère pas L’abîme comme un « chef d’œuvre » (le mot est jeté pourtant sur la quatrième de couverture), il a le mérite de nous surprendre ce qui en fait une lecture très agréable.

 

Ce roman m’a donnée très envie de plus approfondir l’univers de ces deux auteurs (et autant ma bibliothèque que ma PAL comptent beaucoup de Wilkie Collins non lus !) et pourquoi pas des romans dérivés comme le roman néo-victorien Drood de Dan Simmons qui met en scène les deux auteurs dans une sorte d’intrigue policière. Il faut dire que Wilkie Collins, en fumeur d’opium invétéré, a tout d’un personnage décadent ! Rien que la couverture mystérieuse du roman me fait de l’œil !

 

               Vous pouvez en lire la critique sur Biblioblog et acheter le roman de Dan Simmons au prix de EUR 22, 70 sur Amazon. (un peu cher malheureusement après les fêtes !)

 

Vous pouvez trouver L’abîme au choix aux éditions du Masque pour EUR 6, 93 sur Amazon mais il en existe une autre édition chez 10/18 avec pour titre Voie sans issue mais exclusivement en occasion.

             J’en profite pour vous souhaiter tous mes vœux pour cette nouvelle année. Qu’elle soit riche en découvertes autant livresques que culturelles !

 

              Je ne parle pas assez à mon goût de cinéma ou de séries quoique la BBC avec Jane Eyre ou North & South soit bien mise à l’honneur ici. Je revois Downton Abbey en ce moment et je pense depuis cet été à vous parler de la série Robin des Bois (BBC) qui a fait connaître Richard Armitage que j’ai retrouvé avec plaisir sous les traits de Thorin dans The Hobbit dernièrement.

 

               2013 sera aussi une année sous le signe de Sherlock Holmes et j’en profiterai sûrement pour revoir la série de la BBC Sherlock (dans l’attente d’une autre saison !) ce qui me donnera l’occasion d’analyser leur travail d’adaptation par exemple à partir de A Study in Scarlet ou Le chien des Baskerville qui m’attendent sagement dans ma PAL.

 

Ceux qui suivent ma page Facebook le savent déjà, grâce au challenge organisée par Lou, cette nouvelle année ne se fera pas sans lire, découvrir et redécouvrir du Virginia Woolf. J’ai choisi le niveau Mrs Dalloway soit au moins cinq romans (Mrs Dalloway relue en anglais, Entre les actes, Flush, Trois guinées et/ou Une chambre à soi et La Traversée des apparences), un livre dérivé (The Hours de Michael Cunningham) et une biographie de l’auteur (surement le Virginia Woolf d’E.M Forster). Quand on aime, on ne compte pas !